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Jean-Marcel
Jover

Je dédie ces quelques lignes à ceux avec qui je poursuis mon chemin, à ceux qui m’ont accompagné et à tout ceux que j’aime.

Un parcours surprenant peut être mais toujours dévoué aux causes qui me sont, à tort ou à raison, apparues comme justes.

Se dévoiler est un art difficile.

Douter est l’obstacle majeur au bonheur.

Donner est le sacre de l’espérance et de la foi en l’être humain.

Alors j’écris, sensible aux jours qui passent, aux souffrances d’un monde injuste, aux abus des nantis.

La nature sublime les joies simples qu’elle procure. Elle m’inspire au gré du temps rythmé par les saisons qui lentement me poussent…….à la magie des rimes.

J’écris pour exister et c’est mon moi qui coule, s’enfle, déborde et se répand, dévoilant mes secrets, mes songes enfouis, mes souffrances étouffées, mes bonheurs et leurs joies indicibles.

 

L’écriture est la porte dont je suis le marteau, la serrure et la clef.

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14 mai 1943 - 16 mars 2023

​

 GIGNAC (Hérault)

©Copyright.Jover.JM

Jean-Marcel Jover

Poèmes

Regarde moi miroir

Car toi seul peux me voir,

Au profond entrevoir

Mes cris de désespoir

Ou mes rêves d’espoir

S’élevant dans le soir

Comme un cri de parloir

Poussé pour t’émouvoir.

VOLUTES

 

 

Le feuillage frémit sous la brise du soir

Qui du haut du plateau s’est chargée des odeurs,

Ivresse embaumée qui telle l’encensoir

Diffuse ça et là l’invisible senteur.

 

Solitaire rêveur je savoure l’instant

Où mon esprit s’enfuit emporté par ce vent

Chargé de tant de bruits, murmure inconstant

Où se mêlent dissous les hauts de hurlevent.

 

Les suaves parfums dans leur exhalaison

Vibrent erratiques sur mon jardin d’éden

Peuplé de mes envies et folles déraisons

Qui demain surgiront en un élan soudain.

 

Et dans le souffle chaud du turbulent zéphyr

Mon corps est entraîné dessinant dans le ciel

De célestes loopings aux couleurs de saphir

Attendant patiemment l’éclat de l’arc en ciel.

​

ORTHODOXIE

​

A

Brouhaha

B

Bel abbé

C

C’est déplacé

D

Les dadais, L’épais dé, l’orchidée, le baudetï‚»

La cordée, la bordée, le dais, le muscadet, le cadetï‚»

E

L’aveu

F

Leffe

G

Geai piégé

H

Un flash

L’adieu de Dieu, l’odieux pardieu,

Le de par dieu sur un prie-Dieu

​

C'est mieux

C'est pieu

​

TOURMENTS

​

La clarté vacillante du jour qui s’éteint

Donne vie aux lutins, elfes et farfadets

Dans un chuintement aux bruits ébouriffants

Emportés par le vent au dessus des cyprès.

 

Je ressens apeuré un frisson qui m’étreint

Sous le souffle mordant, puissant et saccadé

Traversant tout mon corps de souvenirs d’enfant

Dans la froide chambrée de tentures diaprées.

 

Je revois effaré la cuvette d’alcool,

L’allumette craquée et la flamme bleutée

Qui dans le matin blême tremble doucement

Répandant sa chaleur aux bienfaits convoités.

 

Au dehors la neige a recouvert le sol

Laissant nos pas marqués dans la nuit ouatée.

Mémoire enfouie cause de mes tourments

Vas-tu enfin cesser de me persécuter ?

LA FOIRE

​

La foule bigarrée sur l’allée colorée

Farfouille les étals richement décorés

De patchworks et soieries aux doux tons chamarrés,

De bijoux argentés à la forme épurée.

 

Tableaux enluminés, fines aquarelles,

Se mêlent aux marrons éclatants sur les braises,

Aux fruits secs de Noël, aux insipides fraises

Aux cris des camelots obstruant les ruelles.

 

Dessous affriolants, vêtements élégants,

Légers paniers d’osiers, animaux empaillés,

Aiguiseurs de couteaux, casseroles émaillées…

 

Dans le tohu-bohu de stands extravagants

Le badaud captivé par l’objet insolite

Cède aux boniments du hâbleur émérite.

 

Et je revois heureux

Ces amis d’autrefois

Aux rires chaleureux

Que je croise parfois.

CENDRES

​

Par l’ouvrage et l’effort lâchement abattu,

Une journée froide d’hiver, triste et sans soleil,

Roide, il repose en son dernier sommeil

De ses plus beaux habits hâtivement vêtu.

 

Du noir catafalque au milieu de l’abside

Son aura s’est enfuie vers d’autres univers,

Loin des hommes perfides, avides et pervers,

Animés par la haine, funeste et déicide.

 

Par la mort attirés, les longs vers nécrophages

Fourmillent par milliers en cette nécropole,

Affamés, impatients dans le froid sarcophage,

Obscur et silencieux sous la marbrée coupole.

 

Une plaque dorée, funèbre épitaphe,

Rappelle au passant anonyme et futile

Qu’ici gisait dans ce gris cénotaphe

Un corps sans vie dans l’argile infertile.

LE SANCTUAIRE

​

Si vous passez par là, au-delà du canal

A l’ombre de la tour, phare monumental,

S’érige ma demeure au style régional

Flanquée sur sa façade d’une croix de métal,

Rappelant qu’ici vit, féal à cet havre natal,

Un fervent occitan dans son cocon fœtal

Sis aujourd’hui au chemin de la ville,

Ancien sentier de messe menant à Notre Dame.

 

A cette bonne mère, animés par la flamme

D’une foi dévorante que la passion acclame,

Pèlerins et fidèles ont confié leur âme

Apôtres bienheureux à la ferveur servile.

 

Les jours anciens surgissent du fond de ma mémoire

Alignant indicible l’image évocatoire

De ces journées d’été et des jeux dérisoires

Que les sœurs du Carmel cachaient dans leurs armoires.

Assis sur un vieux banc de chêne au pupitre

Noirci par l’écolier assoiffé de savoir,

Je n’avais qu’un désir insufflé par le pitre

Qui sommeillait en moi, oubliant le devoir

Qu’il fallait fallacieux sembler de concevoir

Tentant comme aujourd’hui de terminer l’épître.

 

Dissipé et rebelle,

De mes poches trouées cigales et crapauds

Envahissaient la classe et nous laissaient penauds

Au grand dam du pion sous les cris des nigauds,

Attentifs, appliqués mais hélas trop lourdauds

Excitant la querelle.

 

C’est pour cela je crois avoir mis tout mon cœur

Pour embellir l’église emplie de résurgences,

De souvenirs émus et de douces présences

Masquées par les étoffes enveloppant le  chœur,

Tandis que montent et vibrent sous l’abside dorée

Ces chants grégoriens pour la Vierge implorée.

 

La légende tenace de la pierre aux miracles

Couverte d’ex-voto, décrypte les oracles

Et résiste insensible aux siècles qui s’écoulent,

Au monde décadent, aux valeurs qui s’écroulent.

FREDAINES

​

Ma vie vide je mène, loin des sirènes.

A perdre haleine comme une aubaine,

 

Sur la scène urbaine j’attends ma veine.

Et ma haine vaine j’oublie dans la thébaïne

Quand mes soucis d’un noir d’ébène me peinent.

 

Dans ma géhenne obscène elle est ma reine

A perdre haleine comme une aubaine.

Je me déchaîne sur ses seins de porcelaine,

Fais courir le plaisir sur sa plaine sereine

 

Où les sens affolés se démènent et s’enchaînent

Dans le soupir du râle de l’extase soudaine.

 

A perdre haleine, comme une aubaine,

Ma vie vide je mène, loin des sirènes.

JOUR DE FÊTE

​

Les chars couverts de fleurs en papier coloré

S’ébranlent lentement

Alors que s’agglutine le public bigarré,

Dans le cliquètement

Du moteur essoufflé d’un tracteur décoré.

 

Les enfants déguisés de leur masque parés

Sèment des confettis,

Heureux et résolus sous leur belle livrée

D’être ainsi travestis.

Ils suivent avec entrain la troupe affairée,

 

Abeilles virevoltantes à la taille de guêpe,

Charlots endimanchés,

Géants ou échassiers aux semelles de crêpe,

Travestis déhanchés,

 

Danseuses affriolantes dévoilant leurs rondeurs

Aux sons d’une musique

Rythmée et endiablée sous leurs pas pleins d’ardeurs

Scandant cet air magique.

 

Groupe de retraités aux chapeaux empaillés

Et costumes d’époque

Participant joyeux malgré les reins rouillés

Au défilé loufoque.

 

Pour clore ce folklore la foule se déroule

Exulte et se défoule

Quand les flammes jaillissent du dépôt infernal

Où brûle Carnaval

 

Dont la lente agonie sous les pétards bruyants

Traduit cette sentence du tribunal siégeant

Sur l’estrade voisine

En ultime saisine.

LA BUSE

​

Les yeux perçants aux prunelles immobiles

Fixent étrangement le soleil qui vacille.

 

La buse variable la plume ébouriffée

Agile a plongé sur l’oiseau malhabile

Les serres acérées dans un ballet fragile,

Le bec jaune rougi par le sang assoiffée.

 

De ce combat mortel à l’issue établie

La douce tourterelle sur l’instant affaiblie

Entame agitée sa rapide agonie

Soubresauts inutiles de cette fin honnie.

 

Le rapace diurne en quête de sa proie

Que féroce et cruel il enserre et foudroie

A satisfait l’instinct qui le pousse, épuisé,

Dans ce milieu hostile sans cesse exposé

 

A lutter silencieux, attentif et craintif

Rasant les herbes folles de son envol furtif.

LA PENDULE

 

Sur son socle de marbre trône la pendule

Aux aiguilles ouvragées pointant le temps fugace

Sur le cadran doré à l’appétit vorace

Soupirant chaque instant quand le cycle bascule

 

Sous les cris aigrelets du marteau sur le cuivre

Egrenant patiemment les heures envolées

Tintinnabulant ce besoin de survivre

Pour connaître exquises des joies renouvelées

.

Mécanismes dentés finement imbriqués

Ils rythment les secondes savamment saccadées.

Mesures éternelles des jours domestiqués

Les minutes s’écoulent en heures obsédées.

 

La lyre balancier diffuse sa musique,

Battement obsédant, incessant, monotone,

Dans cette pièce obscure à l’atmosphère unique

Perturbant le silence qui dans l’esprit bourdonne.

 

Les clefs du remontoir lui redonnent vigueur

Quand usé par l’effort le ressort à spirale,

Détendu, fatigué, retarde et puis s’emballe,

Dans un sursaut ultime se remet au labeur.

 

Les chiffres inévitables insérés dans l’émail

Ont scellé implacables de folles destinées

Ignorant le regard des jeunes dulcinées

Attendant agitées les sorties sur le mail.

 

Sur son socle de marbre trône la pendule

Aux aiguilles ouvragées pointant le temps fugace

Ornement salutaire scandant les jours qui passent

Hâtifs ou impatients que les ans accumulent.

LA RONDE

​

Le temps mène sa ronde

Accélérant son pas

Au rythme endiablé

Des jours qui raccourcissent

Quand le ciel facétieux

Occulte le soleil

Au zénith assombrit

Obscurcissant l’esprit

En proie à ses angoisses

Sous les rayons noircis

De ma mélancolie.

Le temps mène sa ronde

Vers un nouveau destin

Peuplé de doux sourires

Epanouis et gais

Quand de ces latitudes

Naissent des certitudes

D’un univers paisible

Où l’amour serait prince

D’un royaume enchanteur

Baignant sous le halo

D’une douce chaleur.

Le temps mène sa ronde

Et je perds mon latin

Devant ces attitudes

Où seul l’appât du gain

Suscite l’intérêt

Provocant les délits

De quelques initiés

Quand les bourses trop pleines

Font fluctuer la cote

Générant la misère

Et ses faibles salaires

Le temps mène sa ronde

 

E.a.d.s….. C.q.f.d !...

LA TRAQUE

​

Les cailles en ribambelle

Dansant la saltarelle

S’enfuient à tire-d’aile.

 

Les perdreaux sautillant

S’abritent pour l’instant

Sous le cep accueillant.

 

Le faisan apeuré

Richement chamarré

Détale égaré.

 

Les lapins du clapier

Craignant le braconnier

Occupent leur terrier.

 

Le sanglier solitaire

Livre volontaire

Son combat salutaire.

 

Le chevreuil affolé

Par la peur stimulé

Franchit le barbelé.

 

Le lièvre oreillard

Dans le matin blafard

Evite le traquenard.

 

La bécasse esseulée

En grande envolée

Zigzague étonnée.

 

Ce n’est qu’un jour de chasse aux luttes inégales

Quand l’animal détale de cavales en cavales

Tremblant, effarouché sous des tirs en rafales…..

LAMPYRE

​

Dans mon jardin, un ver luisant solitaire

D’un jaune soufre phosphorescent éclaire

Le brin d’herbe brûlant lui servant de repaire

Conservant sans muer son bel état larvaire.

 

 

Coléoptère aptère révélant sa présence

Aux mâles attirés par sa bioluminescence

Et ses attraits nuptiaux croisant dans les parages,

Fébriles, impatients et débordants de rages.

 

 

Pour procréer l’espèce aux flammes étonnantes

Ils vont se retrouver, étreintes flamboyantes,

Dans le creux douillet d’une feuille d’acanthe

Sous le regard jaloux d’une étoile filante.

 

 

La nature secrète fourmille d’inventions

Racoleuses et tenaces, riches de tentations,

Favorisant rencontres et inséminations

Avec le but unique de cette fécondation

 

 

Sauvegarder du pire

Nos lumineux LAMPYRES

L’AUTOMNE

 

Sous les hautes fougères dans les bois isolés

Naissent pleins de senteurs les fantasques bolets

Aux chapeaux émergeants quelquefois craquelés

Qui demain vont sécher en légers chapelets.

 

La forêt de sapins aux sous bois peinturés

Par l’automnal pinceau retrouve ses couleurs

Donnant un air de fête aux rameaux bigarrés

Sous les cieux embrumés des premières pâleurs.

 

La lépiote élevée montre sa longue queue

Son chapeau velouté à la robe tigrée,

L’amanite tue-mouche visible à une lieue

Décore les allées de ses points blancs parée.

 

Les phallus impudiques aux étranges odeurs

Entourent bien tendus les vesses de loup charnues

Dont l’étrange poussière s’échappe des rondeurs

De la volve altérée aux membranes grenues.

 

L’oronge délicate aux subtiles nuances

Ressemble à l’aquarelle d’un artiste ébloui

Traduisant sur sa toile les vives rutilances

D’un cryptogame rare au parfum inouï.

 

Puis le cèpe royal à la tête bien ronde

Affleure le tapis d’aiguilles cotonneux

Essaimant ça et là cette spore féconde

Qui trouve sous la terre l’aide des résineux.

 

Et comme à l’habitude

L’automne et ses prémisses de froide solitude

Remplira les paniers de douce incertitude

Sans jamais éveiller la moindre lassitude.

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LE PONT

​

Un long ruban d’asphalte franchit le fleuve Hérault

Sur le pont de Gignac aux anses de paniers

Résistant imposant à la montée des eaux

Depuis bientôt deux siècles sous l’œil des cantonniers.

 

Les vieilles pierres lisses aux solides appuis

Ornent ce monument de Maître Garipuy.

Il trône altier et fier sur son lit d’onde claire

Placide face aux flots à la froide colère.

 

Les pieux originels sont ancrés sur la rive

Entourant les culées aux recoins anguleux,

Fendant comme une étrave les flots tumultueux,

Boueux, impétueux que le courant avive.

 

La grande arche domine du haut de sa splendeur

La vallée frémissante aux berges arborées

Endiguant le cours d’eau aux sursauts pleins d’ardeur

D’une haie de verdure aux ombres colorées.

 

Sa chaussée généreuse a supporté des trains

Cahotants et poussifs aux lourds wagons de grains

Et supporte toujours ces milliers de voitures

En convois continus pesant sur ses structures.

 

D’une rare élégance, inscrit beau pont de France

Il traverse le temps sans aucune souffrance

Conservant sans accroc sa parfaite beauté

Et donnant à la ville l’emblème et la fierté.

LES MOTS…

 

Si ma muse m’amuse

Et par ruse m’abuse

D’une pensée diffuse

Que mon esprit récuse

Malgré l’envie confuse

D’une bien piètre excuse

Que le bon sens refuse

Sous le doigt qui accuse

Et le temps qui nous use

 

Je resterai trouvère amoureux de mes mots.

 

Si les syllabes en silence

S’élancent en cadence

Sans aucune prudence

Choisir leur préférence

En grande incohérence

Tirant leur révérence

Et toute conséquence

De cette impertinence

Doublée d’indifférence

 

 

Je resterai trouvère amoureux de mes mots.

 

Quand le mots émotif

Impulsif expressif

Redevient agressif

S’emporte subversif

Vers cet esprit captif

Ignorant l’objectif

D’un sursaut fugitif

Evasif et furtif

A l’effet négatif

 

Je resterai trouvère amoureux de mes mots.

L’ESPLANADE

​

Sur l’élégante allée bordée sous les platanes

De stands itinérants aux fumets alléchants

Les terrasses attirantes sont le havre des ânes

Concentrés en ce lieu pour calmer leurs penchants.

 

La meute bigarrée semble comme affolée

Parcourant inlassable les étals surchargés

Sous le regard distrait de la foule attablée

Attendant patiemment les serveurs submergés.

 

C’est un lieu de rencontre où règnent les arômes

Des produits du terroir nombreux et variés

Et où l’accent du sud chante ses idiomes

Couverts par la clameur de touristes égarés.

 

Cette belle esplanade aux charmes arborés

Est sortie de la ville aux murs fortifiés

Donnant à la cité ces espaces aérés

Aujourd’hui transformés en foirails enviés.

 

Si le labeur fût rude pour atteindre le but

A ces désagréments le monde a survécu

Malgré, je le conçois, le coût du lourd tribut

Cet obstacle crucial a bien été vaincu

 

Ouvrant des horizons au commerce local

Qui doit pour subsister sortir de son bocal.

L’HÔTEL DES de LAURES

​

Eprouvé par le temps l’hôtel des de Laurès

Vit ses derniers instants de luxe et d’apparats

Oubliant cette gloire quand riches magistrats

Au sommet de leur gloire pouvaient faire florès.

 

L’architecture est noble et traduit l’opulence

D’une riche demeure en pleine déchéance

Ornée en ses plafonds de gypses d’allégeance

Vouant au Roi Soleil l’éternelle obédience.

 

La grande porte pleine aux belles cariatides

S’ouvre sur la grand’rue aujourd’hui désertée,

Livrée aux chiens errants et aux odeurs fétides

Chargée des lourds silences de mon âme attristée.

 

L’imposant escalier aux pilastres de pierre

Eclairé par le dôme aux vitres étoilées

Mène au vestibule aux frises écaillées

Où nichait la statue auréolée de lierre.

 

Les étages écroulés, espaces inaccessibles,

Menacent gravement l’ensemble immobilier

Jouissant du prestige d’hôtel particulier

Au renouveau duquel certains sont insensibles.

LINCOU

​

Au fond de la vallée, un château séculaire

Ecrase de son ombre les méandres du Tarn.

Sa façade imposante et sa tour circulaire

Rappelle ce bon roi qui nous vint du Béarn.

 

Au détour des grands arbres, un chemin de halage

Où devaient piaffer de brillants attelages,

Serviteurs impatients de tous ces batelages,

Par des rives profondes s’éloigne du village

Dont les vieilles maisons s’accrochent aux rochers,

Se fondent aux paysages et se mirent dans l’eau.

 

La vieille église grise où nichent les corbeaux

Laisse éclater la foi du haut de son clocher

Egrenant alentours des sons harmonieux

Qui d’écho en écho descendent aux rivages

Pour s’enfuir mélodieux vers des lieux oublieux

Au dessus des peupliers et des vastes herbages.

OUBLI

​

Les nuages en courant ont effacé le ciel.

La nuit noire intrépide a pénétré mon cœur

Et mon corps indocile laisse entrer le sommeil.

Un vent du nord acide surchargé de rancœur

Fait vaciller les ombres et gémir la forêt.

 

Les souvenirs amers s’enfuient comme apeurés.

Du plus profond de l’être tout prête à confusion.

La haine et l’amour, la tristesse et le rire

Dans un grand tourbillon se mêlent à profusion,

Se déchirent et s’enchaînent, éclatent et puis se calment.

 

Dans un silence épais un rideau noir s’étire

Et l’oubli incertain vient s’emparer de l’âme.

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PAYSAGES

​

Dans un pré de ray-grass paissant et ruminant

La belle limousine au cul rond et beaux pis

Chasse de sa queue les insectes gênants

Dans l’herbe grasse et verte où ils restent tapis.

 

Plus loin, vers l’horizon un troupeau de brebis

En plein conciliabule est regroupé en rond.

Dans ce grand champs jauni et l’air tout ébaubi

Il demeure immobile sous le soleil de plomb.

 

La campagne assoupie dans sa douce inertie

Attend impatiemment que le soleil s’éteigne

Pour renaître à la vie, mettant fin au répit

D’un calme bucolique que la nature enseigne.

 

Les bêtes assouvies vont rentrer au bercail

Mamelles bien gonflées prêtes à donner leur lait,

Fidèles à leur sentier menant droit au portail

De l’étable obscure aux reflets imparfaits.

 

Dans la salle de traite aux barreaux rapprochés

Elles vont prendre place dans un ordre parfait

Et sous les doigts experts du berger détaché

Donner le blanc liquide surchargé de bienfaits.

 

Céleste métronome au rythme cadencé

Le temps et ses saisons scandent la liberté

Loin des agitations, brouhaha insensé,

D’une foule en délire frappée de cécité.

PERCEPTION

​

Sa façade imposante couvre le parc Blay

Et l’on y vient cent fois demander des délais

Tant la gabelle est lourde en ce coin du pays

Dont la seule richesse se trouve dans les chais.

 

Entourée d’un jardin aux arbres exotiques

D’où s’échappent parfois des odeurs acétiques,

On y sert quelques fois l’acide muriatique

Au gens qui de ce lieu tirent leur viatique.

 

Ouvert à tout le monde, le portail est blindé

Car du pauvre ou du riche l’argent est exsudé.

On y rentre fringant, on en sort tout ridé

Tant la douleur est forte de se voir possédé.

 

Car dans ce lieu sacré, au milieu du décor,

Cerbères attentifs, les agents du Trésor

Dévoués et serviles ne roulent pas sur l’or,

Tant s’en faut hélas ! Et pour longtemps encore.

RELÂCHE

​

Epuisé par l’effort d’une journée fertile

Je m’assied somnolent sous le ventilateur

Bercé par la fraîcheur que le moteur distille

Effaçant sous sa brise l’étouffante moiteur.

 

Sous mes paupières closes alourdies de torpeur

Sombre mon inconscient dans la douce quiétude

Apportant à mon corps le repos salvateur

Nécessaire à l’oubli d’une vaine inquiétude.

 

Mon esprit indocile chevauchant les chimères

Vacille et fantasme dans des songes insensés

Mêlant à l’utopie des formes éphémères,

Beautés inassouvies aux désirs convulsés.

 

Semblable aux créatures du réputé Folon

Il survole un abîme à large déchirure,

Se pose rasséréné dans le calme vallon

Où coule clapotant un filet d’onde pure.

 

Après quelques instants, sevré et reposé,

Il rejoint vaporeux le cerveau qui l’abrite

Provoquant le réveil dans ce chassé-croisé

De ce corps indolent que le sommeil lévite.

RÊVES

​

Le soleil s’est couché sur mon jardin secret

Recouvrant ma conscience de son voile discret

Libérant les phantasmes par la nuit décuplés

Laissant à mon esprit mille rêves peuplés

Des visages riants de femmes au ventre rond

Porteuses de la foi d’un avenir fécond.

 

Le sommeil résistant au trouble éveillé

Va prolonger la nuit d’une longue veillée.

Il mêle pêle-mêle aux songes hasardeux

Les flashs subliminaux de souvenirs hideux

Alors que mes idées s’envolent dans le noir

Berçant mes illusions d’un futur plein d’espoir.

 

Ma mémoire en éveil déroule son récit

Et mon corps apaisé s’envole en transit

Vers des lieux bucoliques au dessus des bosquets

Ballotté ça et là par les souffles frisquets

D’un vent d’autan léger attirant les ondées

Annoncées au lointain par de fortes bordées.

 

Par la fenêtre ouverte sur la haie de cyprès

Je retrouve le havre où vivent mes excès

De cette vie charnelle d’une brève durée

Attendant patiemment la fin de la soirée.

 

Quand carillonne au loin mon âme évaporée

Cherchant dans le délire la réponse éclairée

Je perçoit ulcéré une issue insensée

A ces mille questions qui hantent ma pensée.

SANS DOMICILE FIXE

​

Dés potron-minet le poltron pelotonné

Semble craindre l’assaut d’une ombre vacillante

Dans le matin blafard noyé dans le brouillard.

Couché sur ses cartons, hagard et étonné

Il surgit du néant d’une nuit inconsciente

Peuplée de désirs fous dans son monde égrillard.

 

 

Voilà déjà dix ans qu’il a abandonné,

Bercé par l’attirance d’une vie insouciante,

Le chemin tout tracé d’austère scribouillard.

Aujourd’hui il vivote sans cesse sermonné

Par cette permanente que son choix impatiente

Et qui tente tenace de sauver ce trouillard.

 

 

Son destin est marqué d’un vœu irraisonné

Sans autre alternative qu’une nuit humiliante

Sous la porte cochère aux ornements criards.

Allongés pêle-mêle en rang désordonné

Sur leur couche choquante, indigne et indigente

Des frères d’infortune, volubiles et braillards,

 

Puisent dans la débine

La force qui décline

Rongés par la vermine

Qui sur leur corps s’obstine.

SOLEIL D’ETE

 

Dans le désert de pierre aux trouées de calcaire

Quelques herbes esseulées à la tige épineuse

S’accrochent aux rochers et souffrent leur calvaire

Dans l’attente incertaine d’une nuit orageuse

Qui viendrait apporter à leurs maigres racines

La douce humidité nécessaire à la plante.

 

En ces espaces arides au milieu des ravines

Où seule persiste encore la flore résistante

Du thym fort odorant à la ciste à fleurs roses,

Mille parfums se mêlent en douces symphonies

Emportés par le vent berçant les primeroses

Qui s’enfuit bienheureux vers d’autres harmonies.

 

Les cigales en sursis volent prestement,

Se posent insouciantes sur les chênes kermès.

Les grillons agités stridulent bruyamment,

Crissements monotones et joyeuses promesses

D’un été espéré de douceur et de joie

Sous un soleil de plomb quand la lueur flamboie.

 

Plus loin dans les taillis de ronces envahis

Remise la perdrix rouge et gîte le garenne

Surveillés par la buse aux grands yeux ébahis

Avide de mulots a l’ombre sur un frêne.

Au creux du vallon d’or frissonne la grand’ mare

Dont le pourtour de glaise abrite des ajoncs.

 

Frayère à batraciens, excitant tintamarre

Dans de vives étreintes et somptueux plongeons

Donne en ce site magique des scènes féeriques,

Coassements nuptiaux aux rauques frénésies

Assurant pour la vie, fébrile, hystérique

Cet échange animal sans vaines fantaisies.

 

Ô garrigues étonnantes aux surprenants désirs !.....

De nos yeux éblouis admirons les plaisirs

D’une nature intacte aux facettes multiples

Tentant pour subsister de périlleux périples

En ces lieux indomptés où la flore obstinée

Dans un concert d’odeurs résiste calcinée.

SOUVENIRS

 

Le village endormi dans sa douce quiétude

Regarde le Lagast et ses plus hauts plateaux

Où les gens rudes et pieux vivent dans l’habitude

Et où les pâtres heureux animent leurs flûteaux.

 

La vue au loin s’étire sur les vallées profondes

Peuplées de mille bruits et de riches secrets

Que seules ont pu percer nos âmes vagabondes

Dirigées en ces lieux par des signes discrets.

 

Sur la grand place vide un couple vit heureux

Au rythme des saisons dans l’univers pierreux

Qui fut toujours je crois celui de leur jeunesse

Et où jadis s’aimant se promirent tendresse.

 

A l’ombre du clocher ils ont vécu leur âge

Dans le bien dur labeur des champs et des herbages.

Cinquante ans sont passés et les misères aussi.

Il ont tout entrepris et puis tout réussi.

 

Le visage émacié, le père Séverin

A tiré de l’étable des tonnes de purin,

A remué cent fois ses dix arpents fertiles,

A chauffé éreinté mille locomobiles,

 

A marqué de ses pas, servile préposé,

Les longs sentiers boueux qui mènent au village,

Buvant ici où là un bon coup de rosé

Pour repartir heureux plein d’allant et courage,

 

De Laubigue à Saint Cirq, de Fabrègues à Rullac

Porter le lourd courrier aux hameaux esseulés

Et revenir le soir, les cieux tout constellés,

Les jambes fatiguées mais vide l’havresac.

 

Et pendant ce temps là, Berthe au grand cœur

En attendant le soir préparait ses conserves,

S’agitant et courant, discourant avec verve

De sa vie difficile sans haine ni rancœur.

 

Le soleil rougeoie au dessus des grands arbres,

Le crépuscule gris recouvre Combenègre

Epaississant les ombres d’un froid frisson de marbre,

Le silence s’installe sous la bise trop aigre

 

La vie lasse s’enfuit vers d’autres souvenirs.

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VELEZ BLANCO

 

Mon blason est en deuil, ses trois fleurs sans racine

Emportées par le vent ont essaimé ailleurs

Dans la souffrance aigre qu’un désespoir ruine

Sous un regard amer embué par les pleurs.

 

Avec pour seul bagage sous le soleil trop noir

Un sac emplit de rêves pour un nouveau matin,

Il marche plein d’allant vers son pauvre destin,

Par les chemins poudreux qui mènent à l’espoir,

 

Laissant dans le village aux façades chaulées

Flottant sur ce désert comme voiles emmêlées

La famille éplorée sans autre alternative

Qu’attendre patiemment la saine perspective.

 

La misère a contraint le pauvre muletier

A quitter sa montagne et sa terre stérile

Vers la France accueillante et son nouveau chantier

A Gignac sur l’Hérault vaste plaine fertile.

 

Cimentant le canal avec ses camarades

Il couchait sur la paille de la belle esplanade

Avant de découvrir le mas de Bouissonade

Entouré de garrigues agrémentées de cades.

 

Il jouait du tambour pour chasser le gibier

Envahissant la cour en horde affamée,

Secouant sans manière les branches du figuier,

Fuyant sous la menace comme à l’accoutumée.

 

Courant sur la poulie une chaîne mortelle

Montait du fond du puits le vieux seau qui ruisselle

Quand soudain inconstant glissant sur la margelle,

Il se blessa aux doigts.

 

Et pendant qu’il grommelle sa fille Isabelle

Au caractère fort et à l’esprit rebelle

Constatant les dégâts et l’affreuse séquelle

Soigne le maladroit.

 

Le mal a fait son œuvre et l’affreuse gangrène

Dans son action malsaine rapidement entraîne

Vers d’autres horizons ou géhenne incertaine

Cet orgueilleux ibère

Mon valeureux Grand Père.

VIN PRIME

​

Le nectar raffiné coule dans le verre

Libérant des arômes aux fumets sublimés

Evoquant les fruits rouges et les mûres d’été

Dont les exhalaisons baignent les papilles.

 

Corps rond et puissant fait de douceur amère

Dans sa robe pourpre au nez bien affirmé

Diffusant des odeurs de rare volupté

Quand s’amplifie le doux parfum de vanille.

 

Fugace bouquet que le geste libère

Dans un grand tourbillon au rythme imprimé

Par le lent va et vient constamment agité

Que chaque remous savamment émoustille.

 

Le goût éthéré du cassis qui macère

Sublime au palais le moelleux ranimé

Qui dans son apogée apparaît pimenté

A ma luette que le plaisir titille.

 

Breuvage parfait au parfum éphémère

Œuvre troublante d’un artiste acclamé

Apportant au terroir l’éternelle fierté

D’un assemblage à la couleur subtile.

 

Du dur vigneron il a le caractère

Donnant aux fins gourmets goûtant le vin nommé

Les plaisirs secrets de vraie félicité

De la traque ravie de senteurs fragiles.

 

 

​

 

EDEN

​

Emporté par un fleuve écumeux mais limpide

Je me laisse glisser vers un tunnel obscur

Tandis qu’au loin remonte le tumulte des ondes,

Cataracte invisible vaporeuse et rapide

M’entraînant inconscient vers un nouveau futur

Dans un éden de rêve qu’une clarté inonde.

 

En ces lieux inconnus où les auras se mêlent

L’on redécouvre, heureux, quiétude et volupté,

Loin des hypocrisies d’un monde en perdition.

Tandis que les mortels cupides se querellent

J’entrevois de mon guet la douce vérité

D’un laborieux passage surchargé d’émotion.

 

Plus de mélancolie ni de folie affreuse

Mais une joie sans faille, profonde, intraduisible

Dans un cadre enchanteur de grâce et de candeur

Rayonnant de bonheur et de douceur radieuse.

 

Ce refuge est un havre où règne invisible,

Eternelle splendeur, un être supérieur

D’une beauté sublime à l’extrême bonté

Dont la vive tendresse traduit la pureté.

 

LE RETOUR

​

Je voudrais partir comme on part en voyage

Entourant mes soucis d’un unique rempart

Avec pour seul bagage une once de courage

Protégeant mon esprit au seuil de ce départ.

 

De mes yeux embués des larmes couleront

Ornant de fins diamants le sillon de la mort

En ultime rictus contracté sous l’effort

De voir s’enfuir la vie vers un autre horizon.

 

Mon aura se ternit quand la flamme s’éteint

Brûlant les souvenirs d’un rapide transit

Inutiles ballots vers un lieu incertain

Crevant le noir abcès d’un funeste prurit.

 

Divin passage d une triste évasion,

Obsession insensée fébrile et agitée

Qui me pousse troublé à l’obscure vision

D’un couloir éclairé d’une immense clarté,

 

LA DIFFERENCE

​

Un monde délirant provoquant le chaos

Dans la vie agitée de ces jeunes ados

Aux fantasmes douteux qu’ils traitent à huis clos

Libérant les plaisirs de leurs désirs éclos.

 

La voie qu’ils ont choisie il faudra l’assumer

Face à cette opinion qui ne sait que blâmer

Rejetant sans regret dissemblable vertu

Choquant le bien pensant au sentiment têtu.

 

Apanage des sots la discrimination

Morbide s’insinue en folle incitation

Du rejet sans appel pour non-conformité

Aux principes fixés par la société.

 

Dans le brouillamini quand la terre se meurt

S’étiolent les valeurs en suprême clameur,

Plainte inutile et ultime credo

Du chrétien démuni lâchant son lourd fardeau.

 

LA VIEILLESSE

​

La sombre vieillesse a tracé ses sillons

Sur les joues burinées par le temps écoulé

Des aïeux oubliés dans le fond du salon

Fixant je ne sais quoi de leur regard voilé.

 

Triturant leur mouchoir posé sur les genoux

Ils écoutent passifs les bruits environnants

Caressant évasifs un modeste doudou

Témoin immobile de leurs rêves étonnants.

 

Ils vivent hors du temps et meurent sans bouger.

Assis sur le fauteuil le sourire figé

Ils songent d’un ailleurs qui pourrait soulager

Les rebelles douleurs d’un corps désagrégé.

 

Usés par le labeur et l’âge cumulés

Le temps leur est compté vers un dernier sommeil

Espérant silencieux, , leurs sens déboussolés,

Qu’une nuit étoilée s’épuise sans réveil.

 

PALINODIE DES CORDELIERS

 

Lorsque le lierre vert étreint la vieille nef

Donnant aux murs tremblants un espoir de survie

Je médite et revois, orné d’un bas-relief,

L’autel de marbre blanc d’une beauté ravie,

 

Le céleste transept éclatant de soleil,

Le chœur majestueux aux éclats de vermeil

Et puis le lourd clocher aux secrets dévoilés

De son ombre couvrant tant de corps rassemblés.

 

Sous la douce pression il fallut composer

Sur le sort incertain du monument branlant.

Sans regret avoué l’édile chancelant

Désigna de sang froid les murs qu’il fit raser.

 

Des souvenirs anciens un soir s’en sont allés

Effaçant indécents les traces cumulées

Par les membres zélés de cette confrérie

Contraints de s’isoler rue de la Bouquerie

Lorsque l’effroi naissait de frayeurs infondées

Et que les renégats abjuraient leurs idées.

 

La foule amassée plan de la viguerie

Dans la halle fermée attendait la tuerie

Pour supprimer enfin la folle hérésie

De ce schisme mortel troublant la bourgeoisie

Vociférant unie la fourbe hypocrisie,

Intolérables instants d’absurde frénésie.

 

Le passé ignoré, amère amnésie,

A gommé à jamais la sombre apostasie.

Qu’en est-il du parvis et des rires d’enfants

Jouant dans les recoins de ce beau monument

Celant sous ses dalles aujourd’hui profanées

Les corps raides oubliés de ces pestiférés ?...

 

 

 

 

​

SOIR D’AUTOMNE

​

Alors qu’au loin résonne le glas d’un court été,

Que la brise atone halète épuisée,

Que les premières feuilles s’envolent des frênaies,

Que mon cœur enfiévré s’apprête à hiberner,

 

Je sens entrer en moi la folle anxiété

D’un futur froid polaire me donnant la nausée,

Dépouillant les grands arbres et les hautes futaies,

Avec pour horizon l’abri où hiverner.

 

Les haies denses et vives abritant les oiseaux

Vont retrouver le calme d’une morne saison,

Les châtaigniers fourchus libérés de leurs bogues

Grimaçants, squelettiques se dressent vers le ciel

Inutiles perchoirs aux affamés corbeaux.

 

Vacillante et fébrile surgit la déraison

Au délire troublé par le seul épilogue

D’une soirée d’automne à l’appel démentiel.

 

Le cycle est immuable et le rythme certain

Et les premiers frimas annoncent au lointain

 

Le lumineux printemps

Qu’impatiemment j’attends.

SENTEURS DU SOIR

 

De ce coin de gazon, où poussent des arums

Entourés de massifs richement colorés

Secoués par le vent, s’exhalent des parfums

Délicats, vaporeux, légers et éthérés.

 

Fraîchement irrigué par l’eau du fleuve Hérault

La pelouse verdit, les belles roses écloses

Aux irisés pétales ressemblent à des émaux,

Le chèvrefeuille jaune, le rouge laurier rose

 

Se mélangent et se mêlent aux fines marguerites,

Aux bleutés hortensias, aux denses vendangeuses

Aux azalées fleuris, aux hautes clématites,

Aux œillets de poètes, aux douces tubéreuses.

 

Les couleurs emmêlées surchargées de senteurs

Dansent sous la brise étourdie par l’odeur

Dans ce jardin d’éden aux éclats enchanteurs

Parsemé d’immortelles et de douce splendeur.

 

De ce coin de gazon, où poussent des arums

S’exprime la passion des vifs géraniums

Bordant les plates-bandes et la haie des buis verts

A l’ombre d’hibiscus aux boutons entr’ouverts.

 

De ce coin de gazon, où poussent des arums

Les fleurs s’épanouissent en gerbe de couleurs

Magnifique arc en ciel aux diamants racoleurs

Quand flottent dans le soir les sublimes arômes.

 

De ce coin de gazon, où poussent des arums…..

BLASON

​

Sur cette tour d’argent surmontée de trois lis

J’ai vu danser les ombres de ces preux chevaliers

Qui sont jadis partis chercher le paradis

Vers ces contrées lointaines aux mains des templiers.

 

Ils ont perdu leur âme dans de vaines batailles

Livrées au nom du Christ pour vaincre l’hérétique

Arguant de cette croix sur leur cotte de mailles

Pour violer et piller le peuple pathétique.

 

Le robuste donjon aligne ses meurtrières

De vielles pierres usées aux faces érodées

Tandis qu’au loin s’élève les ferventes prières

Du sobre sanctuaire aux parois lézardées.

 

Les seigneurs de Ginhac à l’abri des remparts

Ont préservé le peuple des folles invasions

De soudards sanguinaires surgis de toutes parts,

Hordes dépenaillées en longues processions.

 

Puis vint soudain sans bruit le schisme fratricide

Dont les funestes excès à ce jour perceptibles

Ont marqué à jamais la cité régicide

Forteresse assiégée aux murs indestructibles.

 

Est-ce un signe du sort souffrant de la discorde

Quand le clocher branlant s’affaissa sous les pleurs

Provoquant cette trêve que le malheur accorde

Devant la catastrophe d’une trop grande ampleur ?

 

Aujourd’hui rayonnante riche de son histoire

Notre ville s’ébranle armée de volonté

Ajoutant chaque jour quelques lignes de gloire

A ce passé illustre d’un peuple indompté.

FATUM

​

Il était jeune et beau dans son blouson de cuir

Juché sur son harley au beau moteur chromé

Epris des libertés vers lesquelles s’enfuir

Bardé de son tee-shirt d’un phénix imprimé.

 

La moto ronronnait sur la route poudreuse

Enlaçant le coteau aux parfums estivaux

Secouant le tansad de la douce amoureuse

Agrippée fermement aux muscles pectoraux

De ce bel Adonis son chevalier servant.

 

Souriant à la vie les cheveux dans le vent

Ils goûtaient les plaisirs d’une soirée d’été

Baignant dans le bonheur, exprimant leur gaieté.

 

Tapie dans les cahots d’un funeste chemin

La mort cachée et fourbe attendait les gamins.

 

Leur visage d’ange au sourire figé

Reflète la froideur d’un destin abrégé

Unissant à jamais leur mémoire effacée.

 

 

Ils sont là, allongés, immobiles et glacés.

LA PLUIE

​

C’est sous un ciel maussade obscurcit et morose

Dont l’épaisse noirceur appuie comme une chape

Que ma raison s’égare vers d’autres horizons.

 

Le jour a fait place à la nuit et mon corps se nécrose

Tristement ballotté par le deuil que l’on drape

Attendant en alerte le retour des rayons.

 

Tout mon être engourdi se lasse et puis s’ennuie

Ecoutant silencieux le bruit des gouttes d’eau

Qui frappent en métronome les vitres embuées.

 

Une longue soirée bercée par cette pluie

S’annonce monotone pour mon pauvre cerveau

Voguant en solitaire sur les grises nuées.

 

L’ondée fertilisante abreuve cette terre

Apportant au milieu, salutaire liquide,

Les larmoiements des nues aux perles salvatrices.

 

Et demain le soleil en sa vive lumière

Enflammera le sol dans un enfer torride

Dispensant aux prairies ses faveurs bienfaitrices.

FELICITE

​

Une seule caresse et mes longs poils se dressent

Affolant tous mes sens et mon sexe érectile

Que le désir titille en explosion futile

Goûtant à ces plaisirs qui promptement jaillissent.

 

Ce phantasme est en moi et calcine ma chair

Palpitant et fiévreux, capricieux et amer

Accaparant mon cœur d’exquises excitations

De rêves érotiques aux fortes exaltations.

 

Quand le corps et l’esprit en violente fusion

Eclatant de délices s’abandonnent indécents

Dans des extases brèves aux cris concupiscents

Concentrent leur union en fébrile effusion,

 

L’univers étoilé répète son big bang

Poursuivant inlassable l’éternelle expansion

Infiltrant dans mes veines la fougue d’un pur sang

Soucieux de satisfaire l’insatiable passion.

L’AURORE

​

En ce mois de septembre ou s’éloigne l’été

J’ai rejoint mon refuge éloigné des rancunes,

Soucieux de retrouver cette sérénité

Dans cet éden de calme aux froideurs opportunes.

Oubliant délivré rumeurs, rancoeurs, râleurs,

Dédaignant insensible le flot de querelleurs

Ignorants abêtis.

 

Les propos de Babine, ahuri patenté,

Sont les derniers succès du forum de café

Traduisant à l’excès en ce lieu fréquenté

Par de fins philosophes à l’esprit échauffé

Les critiques abusives sorties de son cerveau

Dont l’acide insipide nettoie le caniveau

Encombré de débris.

 

Il y a aussi Canine qui constamment fulmine,

Perpétuel frondeur en permanent débat

Dans son coin replié où son aigreur chemine

Evoquant agressif son éternel combat,

Refusant insensé de subir les diktats

Des règles imposées par de nombreux constats

Chaque jour établis

 

Et puis il y a Molaire, amoureux de théâtre,

Croyant que sa terrasse est arène de cirque

Se transforme en dompteur de fauve acariâtre

Dominant le quartier en valeureux cacique

Taciturne et sournois, hypocrite et flambeur

A l’ego goguenard évitant le labeur,

Allant de mal en pis.

 

Voilà la galerie des portraits que j’abhorre

Réservant pour demain à tous ceux que j’adore

Le réveil matinal d’une fort belle aurore.

LE LYS

​

Cette fleur que j’adore je voudrais te l’offrir,

Fragile pédoncule d’un vert tendre d’espoir

Supportant sur sa tige gracile, pour t’émouvoir,

Les larges corolles que j’irai quérir.

 

Les pétales entr’ouverts aux veloutées nervures

Entourent le pistil livré aux butineuses

Souillant de leurs pattes velues la divine parure

Emportant ce nectar vers les nymphes peureuses.

 

Et cette plante pourpre tachetée de points noirs

Rehausse lumineuse l’étamine divine

Au pollen nourrissant empli de fols pouvoirs

Essaimant alentours l’espèce purpurine.

 

L’enveloppe attendrie du somptueux sépale

De ses riches ornements protége le calice

De la beauté sublime, étoile végétale,

Délivrant son éclat au suave délice.

DELIRIUM

​

Seuls, dans le jour qui s’éteint, qui s’embrase

Et qui flambe dans un dernier sursaut,

Je sens dans le silence ton cœur contre mon cœur

Enivré de bonheur dans la nuit qui s’installe.

 

Toi, moi, la nature et la joie, un ciel semé d’étoiles,

Tes lèvres sur mes lèvres, ta tête entre mes bras,

Ton corps contre mon corps, tes seins sur ma poitrine

On respire avec force les parfums de l’amour.

 

Je susurre à tes sens des gestes impudiques,

Ta poitrine trop blanche éclate dans le soir

Et ton corps en alerte ressent intensément les gestes

Qu’il attend, unis dans un silence qui nous appesantit.

 

Et comme l’horizon qui recule sans cesse

Tu me demandes encore de serrer mon étreinte,

Assoiffée de désir et de douces caresses

Quand le plaisir éclate en millier d’étincelles.

LE SEGALA

​

La terre ingrate a bu l’âpre sueur

Du pauvre travailleur ahanant au labeur.

De l’aurore craignant la blafarde lueur

Pour reprendre épuisé et perclus de douleur

Ces gestes éternels de solide faucheur

Animé par l’espoir d’un lendemain meilleur.

 

De la pierre trempée dans l’eau de son coffin

Il aiguise sans fin la faux de métal fin

Qui couche le blé gras de ce petit lopin

Où se cache heureux l’espiègle galopin

Poursuivant excité les cailles déplacées

Par-dessus les talus et les sources glacées.

 

Dardé par le soleil le foin vert retourné

Blondira lentement avant d’être fané

Et chargé savamment sur le char cloisonné.

Déposé dans l’abri en tas désordonné

La pâture emplira l’auge patinée

Quand des soirs froids d’hiver la bise déchaînée

 

Dans son aigre folie peuplera la vallée

D’ombres fugitives animant la veillée.

RETROSPECTIVE

​

Un trouble subtil né de regards verts croisés

Dans le car cahoteux aux vieux fauteuils usés

A scellé pour toujours les ambitions rêvées

De deux êtres épris aux émotions gravées

Dans le temps écoulé sur les chemins pavés

De souvenirs profonds aujourd’hui avivés.

 

Le chemin parcouru durant ces décennies

Est jalonné de joies et d’amours infinies

Dans la complicité quelques fois animée

D’un partage total avec le bien aimé.

 

De Rouen à Paris, du Lagast à Clermont

Passant par Florensac, rejoignant le Piémont

La route fut longue et parsemée d’efforts

Pour atteindre Gignac et son vieux château fort.

 

Retrouver des amis trop longtemps oubliés,

Explorer ces chemins aux parfums irradiés

Chargés de mille bruits évoquant le passé

C’est vivre et aimer, un espoir caressé.

A l’ombre de la tour notre vie s’est posée

Dans le parfait éden aux joies inépuisées.

BEATITUDE

​

Sentir sur son front le frôlement d’un ange

Quand vibre au loin un sentiment étrange,

Onirique saveur d’un songe éthéré,

Frivole, frémissant sur le corps mordoré

 

Est un instant divin de frissons libérés

Dans le trouble d’extases et d’émois égarés

Où sombre sublimée l’ultime volupté

Emportant, puéril le rêve exalté.

 

Eternel vagabond mon âme épuisée

Dans sa quête forcée d’une passion brisée

Vaporeuse s’enfuit vers des lieux ignorés

Aux délices d’éden toujours inexplorés.

 

Isolé, esseulé sur ce grand lit vide

Aux draps froissés d’excitations avides,

Seul, impavide devant son corps livide

J’avale ému l’extrait de cantharides,

 

Désir frénétique

D’une nuit torride,

Réveil érotique

D’un matin aride.

CONSTELLATIONS

​

Je rêve dans la nuit aux lointaines novas

Eclairant l’univers de cascades d’argent,

Feux follets tremblotants aux immenses fracas

De lueurs éthérées peuplant le firmament.

 

J’ai atteint mon zénith dans le ciel étoilé

Ecarquillant les yeux, embrassant Cassiopée,

Le carré de pégase et le dôme voilé,

Bercé par le zéphyr en douce mélopée.

 

Verts humanoïdes au cœur confraternel ?

Immense galaxie, étrange voie lactée

Où résonnent les sons d’un appel éternel

Vers des astres lointains que l’on croit habités ?

 

Ce vide sidéral à l’obscure clarté

Frémit de mille bruits frissonnant dans le noir,

Abrite dans l’éther mon esprit agité

Qui rêve d’un big bang dans les parfums du soir.

 

 

​

FUGUE….

 

Mourir et renaître en un sursaut d’envie

Quand le souffle s’éteint et que s’enfuit la vie

Dans un hoquet sans fin, ultime abandon

Vers un néant lointain suscitant le pardon.

 

Croisée un soir d’hiver la camarde était là

Sinistre, psalmodiant l’appel de l’au-delà,

En funèbres habits toute de noir vêtue

Coffin au ceinturon, immobile statue.

 

J’ai vu ce sang vermeil bu par mes viscères

Jaillir en flots épais de mes cruels ulcères

Par mes lèvres rougies imbibant mes frayeurs

Abandonnant mon corps aux mains des fossoyeurs.

 

Et puis…un homme en blanc dans un halo ouaté

D’un décor de Folon mit fin à l’anxiété,

En gestes mesurés aux actes empressés

Délivrant de ce mal mes organes blessés

.

​

​

Avec mes remerciements envers tous ceux qui par passion et compétence

Soulagent chaque jour l’indicible souffrance.

 

18/02/12 à 3 heures

FUSIONS ET PERVERSIONS

​

J’ai lu et j’ai relu attentif le détail

Du protocole amer de cession de Danone

Biscuits, douceurs et autres pets de nonne

Traitant ses salariés comme simple bétail.

 

La mondialisation et les fonds de pensions

Sont le nouveau fléau activant les tensions

Du milieu ouvrier marqué par les fusions

Sans concession aucune faisant fi des lésions.

 

La dérégulation demeure une illusion

Qui génère en son sein de molles réactions

Dans un monde perdu dont les évolutions

Avides et impatientes éloignent la vision

 

D’un futur équitable empreint d’humanité,

Aux idées généreuses de vraie fraternité,

Soucieux d’égalité et de félicité,

Combattant efficace contre la pauvreté.

 

La libéralisation tue la liberté,

Nécrophage sordide assoiffé d’exclusions

Enlève au travailleur sa dernière fierté,

Provoque impavide misère et illusions,

 

Rassasiant exalté

La rentabilité.

GARRIGUES

 

Dans le désert de pierre aux trouées de calcaire

Quelques herbes esseulées à la tige épineuse

S’accrochent aux rochers et souffrent leur calvaire

Dans l’attente incertaine d’une nuit orageuse

Qui viendrait apporter à leurs maigres racines

La douce humidité nécessaire à la plante.

 

En ces espaces arides au milieu des ravines

Où seule persiste encore la flore résistante

Du thym fort odorant à la ciste à fleurs roses,

Mille parfums se mêlent en douces symphonies

Emportés par le vent berçant les primeroses

Qui s’enfuit bienheureux vers d’autres harmonies.

 

Les cigales furtives aux élytres agités

Se posent insouciantes sur les chênes kermès,

Les grillons animés stridulent entêtés,

Crissements monotones et joyeuses promesses

D’un été espéré de douceur et de joie

Sous un soleil de plomb quand la lueur flamboie.

 

Plus loin dans les taillis de ronces envahis

Remise la perdrix rouge et gîte le garenne

Surveillés par la buse aux grands yeux ébahis

Avide de mulots a l’ombre sur un frêne.

Au creux du vallon d’or frissonne la grand’ mare

Dont le pourtour de glaise abrite des ajoncs.

 

Frayère à batraciens, excitant tintamarre

Dans de vives étreintes et somptueux plongeons

Donne en ce magique site des scènes féeriques,

Coassements nuptiaux aux rauques frénésies

Assurant pour la vie, fébrile, hystérique

Cet échange animal sans vaines fantaisies

 

Ô garrigues étonnantes aux surprenants désirs !.....

De nos yeux éblouis admirons les plaisirs

D’un milieu naturel surchargé d’émotions

Tentant pour subsister de sobres mutations.

L’HIVER

​

Le soleil enflammé éclaire l’horizon

Rougeoyant et sanguin dans le ciel qui s’endort

Libérant affamés les vampires et la mort

Trop longtemps enfermés dans leur triste prison.

 

 

Ma musique en deuil se répand dans le soir

Egrenant ses sanglots aux rauques inflexions

Dont les accents amers sont empreints de passions

Et volent agités vers un nouvel espoir.

 

 

Les trémolos aigus aux sons graves mêlés

Font pleurer les novas qui dansent dans le noir

Transformant l’horizon en immense miroir

Où luisent et se mirent les astres constellés.

 

 

Le vent aigre du soir acide et forcé

Colporte bougon son haleine morose,

Agitant acéré les vieux toits de lauze

Annonçant un hiver froid, sombre et glacé.

LA MERIDIENNE

​

C’est un pont de béton dressé sur ses piliers

Aux lignes épurées qui franchit singulier

Le fleuve émeraude en sa large vallée

Reflétant sur son cours l’imposante culée.

 

Bien ancré sur les rives il flotte vaporeux

Ouvrant majestueux cet horizon heureux

D’un bourg brumeux serti de moult vestiges

Fier de son passé aux somptueux prestiges.

 

Le tapis d’enrobé s’étire dédaigneux

Caressant Puech Courbi et son profil marneux

Livrant sur son tracé des secrets inouïs

Quand le soleil levant au loin vous ébloui.

 

La A 750 a choisi son parcours

Poursuivant son chemin sans halte ni détours

Perforant insensible les bois de chênes verts

Créant sur sa trouée de tragiques déserts.

 

Et en un tour de mains

Avide de soleil

La cohue cahotante aux moteurs endiablés

Impatiente fuira vers les plages ensablées

Traversant les garrigues aux puissants genêts d’or

Charriant en cohorte les blonds conquistadors

Bataves ou germains

Pleins de morgue et d’orgueil.

LA TOUR

 

Embrassant l’horizon depuis son promontoire,

Cette tour médiévale aux murs chargés d’histoire,

Domine impavide, beffroi ostentatoire

Fidèle à son passé et ses heures de gloire.

 

Depuis longtemps déjà, utile observatoire,

Surveille alentours le vaste territoire

Et ses lointains villages, essaimés sur la plaine,

Entourés de garrigues fleurant la marjolaine.

 

 

Mille couleurs se mêlent en une symphonie,

Sublime et féerique, où tout est harmonie,

De l’ocre de la ruffe au gris du mont Liausson,

Du jaune des collines au vert de Pierrefont.

 

Emblématique ouvrage il est le cœur et l’âme

De ce village aimé que l’habitant acclame,

Riche de traditions et porteur d’espérance,

Il jouit d’un renom, fier de son attirance.

 

 

De l’usure du temps ces vestiges imposants

Ont subi des désordres, aujourd’hui angoissants,

Qu’il convient de réduire avec célérité

Préservant de ce fait l’orgueil de la cité.

 

 

Majestueux remparts et venelles obscures

Aux encorbellements de riches architectures,

Votre mise en valeur apparaît nécessaire

A l’ombre du donjon tant de fois séculaire.

 

Huit monuments classés et quatorze oratoires,

 

Demain, peut être, ville d’art et d’histoire…….

Gignac terre d’espoir garde sa mémoire,

Cultive ses coutumes et au futur veut croire.

LUBRICITE

​

Dans le bois de Boulogne un carré de mignons,

Une veuve éplorée, une hétaïre choquée

Une dinde aux marrons, une meuf aux quignons,

Une épouse battue, une morue maquée.

 

Et dans la grande allée aux arbres dénudés

Une femme voilée, des soûlards débraillés

Vociférant hargneux après les attardés

En transe reluquant les trans déshabillés.

 

En ce lieu de débauche où les corps se chevauchent

Dans une courte étreinte aux plaisirs tarifés,

Les ombres se faufilent quand les bruits se rapprochent,

Fantômes agités aux sens fort échauffés.

 

Recherchant excités les plaisirs éphémères

De cette toison d’or objet de tant de rêves

Aux profondeurs humides et aux douceurs amères

Les pauvres hères halètent le temps des amours brèves…..

MON REFUGE

​

Les murs couverts de lierre ancré aux vieilles pierres

Ma maison rouergate aux larges escaliers,

A deux pas de l’église résonnant de prières,

Respire la quiétude des lieux hospitaliers.

Le toit vêtu de mousses est recouvert de lauses,

De vastes cheminées occupent ses pignons,

Les terrasses dallées parfaitement encloses

Surveillent le jardin depuis le cabanon.

A l’intérieur douillet toujours mal éclairé

Se dresse l’escalier s’élevant vers l’étage

Où se cachent discrets les songes apeurés

Parmi les souvenirs et les vieux paquetages.

Au centre de la chambre trône la vieille maie

Utilisée jadis pour faire le bon pain

Avec du beau blé blond expurgé de l’ivraie

Dont la pâte pétrie se gonflait de levain

Enfoncé dans le mur le placard ancestral

Renferme des secrets sur ses planches rugueuses,

Vieilles photos jaunies pliées dans du journal,

Cartes décolorées, anciennes images pieuses.

Puis dans le galetas où le passé sommeille

Au milieu des débris une rangée de pots,

Une lampe de cuivre, un cadran qui scintille,

Des outils inutiles et deux vieux chassepots.

Et sous des fanes sèches d’haricots oubliés

Un révolver roulé dans un chiffon noirci

Evoque tristement les hommes suppliciés

Dans un coin de forêt, au bord d’un raccourci.

Innocentes victimes, chemineaux égarés,

Dans un bois de bouleaux lâchement enterrés

Par des soldats indignes aux brassards usurpés,

Aux consciences fragiles mais jamais inculpés.

 

J’ai vu ce lieu sinistre et ne peux pardonner

A ces hommes sans âme qu’il faudrait enchaîner

Et qui vivent paisibles ignorant leurs forfaits

L’existence tranquille de citoyens parfaits.

LE PRINTEMPS DES MOTS

​

Quelle joie de trouver dans le rythme des phrases

la rime qui s’étale et comme un feu s’embrase

Sur cette blanche feuille où la muse s’amuse

A dicter à nos cœurs l’inspiration qui fuse.

 

Ils sont là nos jeunes poètes, fiers et heureux,

Pour chanter sur les mots aux sons bien vigoureux,

Soucieux de feuilleter l’imposant dictionnaire,

Avides du savoir à cet art nécessaire.

 

Ils vont rêver ce soir des voyelles à Rimbaud,

Des musiques à Verlaine, des chansons de Renaud,

Et découvrir sereins l’amour des bons poètes

En mettant tout leur cœur pour réussir leur fête.

 

A ces chers chérubins en quête de sonnets,

Il convient d’apporter, au lieu d’un martinet,

Un paquet de syllabes accrochées en guirlande

Pour que valsent les vers en vive sarabande.

 

Merci l’instigatrice de ce printemps des mots

Découvrant le talent de nos doués marmots

Qui dés demain seront, grâce à vous on l’espère,

Les futurs Heredia, Musset ou Baudelaire.

 

La culture à Gignac rayonne à nouveau

De quatrain en sizain, de pantoum en rondeau,

Faisant vibrer les mots de mil épithètes

Dans la joie extasiée des apprentis poètes.

 

Vivons ces bons moments de vive frénésie,

Ecoutons des enfants la douce poésie.

REMINISCENCES

​

J’ai vu passer un ange à chevelure blonde,

Au regard fixe, oublieux de nos éclats de rire,

Que naguère j’ai aimé et qui fut ma Joconde

Dans une vie lointaine source de mon délire.

 

L’insouciante jeunesse a figé cet instant

Dans un coin de mémoire caché, inaltéré

Qui du tréfonds de l’âme resurgit palpitant

Exacerbant les sens d’un caprice acéré.

 

Mon corps ne brûle plus mais mon âme est en feu

En proie à ces tourments que cache le destin

Abritant éternel l’incroyable aveu

D’une soirée d’été d’un espiègle lutin.

 

Et quand je parviendrai au déclin de ma vie

Ces noirs regrets ranimés comme un regain d’envie

Reviendront, légers, effleurer mon esprit vacillant

Donnant à ce départ un charme pétillant.

RESILIENCE

 

Impassible, serein, je suis décontracté

Voyant la vie en bleu et en quadrichromie

Soulignant silencieux la colère actée

Sur des pages glacées encrées dans l’infamie.

 

Je suis prêt au combat devant l’agitation

De rumeurs propagées stériles réactions,

Tumultes puérils nécessitant l’action

Effaçant tous ces mots de vile tentation.

 

J’agis et réagis aux propos humiliants

Sur un torchon écrit au vitriol fumant

Diffusant ça et là un dessein diffamant

Pour le simple lecteur servant d’anesthésiant.

 

Etre nul je le sais est un lourd handicap

Que le sort a jeté au hasard de ses choix

N’affectant nullement le maintien de ce cap

Que fidèles amis ont scellé de leurs voix.

SOIR D’ETE

​

Sifflez siffleurs des bois

La nature est à vous.

Le bruissement des feuilles

Qui tremblent sous la brise,

Ces parfums qui vous grisent,

L’onde qui frémit

Le soleil qui vous brûle,

Le papillon qui doucement, doucement

Se pose.

L’herbe qu’on foule,

La source qui court,

Les roseaux qui courbent,

Le sable blond des berges,

L’abeille qui butine,

La douce libellule,

L’azur du ciel,

Les grillons qui murmurent,

La douce apathie,

La grisante paresse,

L’enivrante caresse,

Le fort chuchotement

Des cigales en concert,

Les vives hirondelles

Volant à tire d’aile,

Des rêves enfouis,

L’envie inassouvie…

 

Souvenirs envoutés

D’une soirée d’été...

EVOCATIONS …

​

C’est un preux chevalier couvert de son armure

Sous son heaume ajouré étranglant un murmure

Chevauchant rutilant un vaillant destrier

Piaffant d’impatience les pieds à l’étrier

 

Qui vient peupler mes rêves enfiévrés et tremblants

De jeune adolescent aux souvenirs troublants.

 

J’ai vécu plusieurs vies ancrées dans ma mémoire

Qui surgissent agitées au gré d’un vieux grimoire

Abandonnant au jour le rêve inachevé

Dans les brumes éthérées à tout jamais gravé.

 

La grande salle vide au silence pesant

Est le cadre angoissant d’un songe épuisant

Dans un donjon glacial aux sombres ouvertures

Où la bise ennemie fait trembler les tentures.

 

Traverser le couloir et les alcôves obscures

Muets témoins secrets d’étranges aventures

Dont je garde enfouie la trace indélébile

Grelottant dans le froid angoissé et fébrile.

 

Des hordes de soudards aux armes ensanglantées

Ont franchi les fossés aux douves colmatées

Détruisant affamées les greniers dévastés

Dans la ville en folie aux logis désertés.

 

Devant l’étrange hantise d’une vieille existence

Mes souvenirs anciens vibrent en silence.

BIR HAKEIM…

​

D’un combat inégal ils sont sortis vainqueurs

Oubliant dans la gloire les sordides rancoeurs

De ces moments cruels vécus dans la pénombre,

Dédiant leur succès aux combattants de l’ombre

Dont les stèles blanchies telles des fleurs des champs

Sont plantées alignées dans un ordre touchant,

Rappelant au quidam que sous ces croix figées

Reposent des martyrs à la vie abrégée,

Stoïques résistants épris de liberté

Morts debout, courageux, dans l’ultime fierté.

Ils ont donné leur sang dans un dernier sourire

Face aux soldats germains à l’étrange délire

Sur les rochers sculptés du cirque de Mourèze.

 

Fantômes fugitifs au sommet des falaises

Ils hantent silencieux le pierreux sanctuaire

Transformé aujourd’hui en triste ossuaire,

Guettant de leur repaire les massifs alentours

Où semble résonner du combat le bruit sourd.

Puis, près du Mas Rouge, le chef a succombé

Téméraire éclaireur de son honneur nimbé,

Laissant aux compagnons la foi de persister

Dans l’action entreprise de croire et résister.

Le maquis Bir Hakeim a inscrit dans l’histoire

En lettre de sang une amère victoire

Pour que vivent demain ces valeurs immortelles

Qui fondent ce pays sur des bases éternelles.

 

 

​

JM JOVER 18/06/08

(Mémorial de Mourèze)

CONTEMPLATION

 

Comme le glas d’hiver résonne dans le soir

Mon âme libérée s’envole dans les airs

Quittant ce corps sanglant reposant dans le noir

Sans haine ni regret vide corset amer.

 

Une étrange clarté brille de mille feux

Dévoilant le sentier menant au firmament

D’où s’élèvent radieux nos singuliers adieux

Vers les êtres aimés livrés à leurs tourments.

 

Retrouver ses aïeux dans la douce moiteur

D’un éden merveilleux où tout est volupté

Est le rêve douteux et l’éternel moteur

De ceux qui croient en Dieu et son éternité.

 

Le passage contraint vers l’autre dimension

Redonne au départ une interrogation

Que d’aucuns ont vécu, unique sensation,

Relatant convaincus leur réelle émotion.

 

 

​

Ce 01/11/12

LES SENIORS

​

De paillettes dorées finement parsemées

Les tables alignées savamment décorées

Attendent patiemment la fête programmée

En l’honneur des anciens en tenues chamarrées.

 

Ils se retrouvent heureux partageant amusés

Les souvenirs lointains gravés dans leurs pensées

Quand les douleurs s’enfuient de leurs vieux corps usés

Sur la piste cirée tendrement enlacés.

 

Sur la scène dressée les gazelles emplumées

Montrent leur nudité aux formes potelées

Fermement soutenues, chaudement acclamées

Par un public ravi des splendeurs dévoilées.

 

Puis dans le brouhaha de ballets agités

Belges et Irlandais, schtroumpfs et bigotes,

Novices et séniors par la grâce habités

Sur les planches lustrées dansent la gavotte.

 

Le bon repas servi n’est que le trait d’union

Favorisant liens et sourires heureux

Malgré le froid si vif perturbant le trublion

Qui privé de son brie redevient coléreux.

 

 

On pardonne tout à qui ne pardonne rien.

MELANCOLIE

​

Le ciel est gris

Une lyre égrène un chapelet

De notes claires

Qui dansent dans mon esprit.

 

Je souris

Et le vent emmène

Au gré de ses tourbillons

Ce rayon.

 

Adieu tristesse tu es partie

Car il a suffi

Qu’une lyre égrène un chapelet

De notes claires

INSPIRATIONS

​

Quand ma pensée déprime

Je me traîne bohème

Ebauchant ma requête

Pour un nouvel éveil.

 

 

Je m’arrime à ma rime

Comme le savant au théorème

Comme le tambour à sa baguette

Comme l’élu à son fauteuil.

 

 

Et pour cela je trime

Car c’est tout un poème

Quand le délire guette

De dormir que d’un œil,

 

 

Mue par les mots que l’on mime

En recherchant son thème

Ma muse en goguette

Retrouve son orgueil

 

 

Et d’une encre sublime

Sur cette feuille blême

Retrace l’épithète

Traduisant cet écueil

 

 

Quand l’aède s’anime,

Evitant le blasphème

Dans un sursaut d’ascète,

Pour finir ce recueil.

CHRISTELLE

 

Quand le jour qui point annonce fièrement

Ce cap qu’il faut franchir inondé de désir

Je ressens du bonheur et voudrais simplement

Partager pleinement ce vrai divin plaisir,

 

Fêter tout tendrement cette beauté glamour

Sur qui le temps léger n’a jamais eu d’effet,

Attiser chaque jour mon plus profond amour

Dans la vive chaleur d’un ménage parfait,

 

Jouir de ces moments que nous donne la vie

Riches du temps passé pour croire en l’avenir.

Amoureux de ma mie je le dis à l’envi

Ajoutant au présent nos plus beaux souvenirs.

 

Dans un ciel bleu d’azur les jours trop courts s’enfuient,

Sèment au gré du temps la divine passion

Sincère émotion effaçant les ennuis

D’un foyer réuni en douce soumission.

 

Quarante ans c’est je crois la fleur épanouie

Dans un jardin d’éden ou croissent des bambins

Diffusant les parfums d’un rêve inouï

Mêlant à l’air du soir les cris des chérubins.

 

Enfin tous réunis pour fêter ce moment

Je crierai mon amour fidèle et passionnel

Exprimant posément ce noble sentiment

A mes yeux embués paraissant éternel.

LA CETOINE

​

Attirée par les fleurs comme un doux papillon,

De pistil en bouton avide du pollen

Chargé de forts parfums dans un parfait hymen,

La cétoine dorée ou hanneton des roses

Danse bruyamment auprès des lauriers roses

Puis s’envole d’un trait vers un autre horizon.

 

Ses doux reflets nacrés sont du plus bel effet

Dans ce jardin discret embaumé de genêts,

Il vole et virevolte dans de joyeux ballets,

Passant de fleur en fleur, semblable au feu follet,

Grisé de ce nectar aux ingrédients secrets

Qu’il puise sans pudeur constamment aux aguets.

 

Scarabée irisé aux couleurs métalliques

Cet insecte mythique vénéré comme un Dieu

A survécu au temps où fresques symboliques

Et ornements funèbres, en des lieux ténébreux,

Accompagnait les morts dans leur destin lunaire

Eclairant chaleureux leur chambre funéraire.

 

Il vole et virevolte dans de joyeux ballets,

Passant de fleur en fleur, semblable au feu follet…

LA LYONNAISE

​

C’est quand le cochonnet sautille lentement

Que les boules dorées s’entrechoquent gaiement

Au pied de cette tour où le terrain de jeu

Se blottit sous les cris des amoureux du lieu.

 

A l’ombre des mûriers ils s’agitent ravis

Admirant sous leurs yeux le village qui vit

Dans la lourde moiteur des obscures venelles

Théâtre autrefois de jets de “trentanél”.

 

Damer, tracer, tailler est l’œuvre de Marcel

Qui présent chaque jour prépare ses ficelles

Qu’il sort de temps en temps a la fin du festin

Quand les vapeurs du get modifient le destin.

 

C’est l’âme de l’endroit, l’ancêtre vénéré

Au rire permanent sans cesse affairé,

Donnant aux affidés le plaisir de jouer

Dans un cadre plaisant que chacun doit louer.

​

 

​

Dédié à Marcel Mauri pour l’ensemble de son engagement dans la promotion du sport boules à Gignac.

Avec toutes mes amitiés,

Cordialement

Jover Jean Marcel ce 9 septembre 2013

MORBIDITE

​

Quand les vers danseront dans mes orbites creuses

Et que mon sang vermeil irriguera la terre

Je voudrais sur ma tombe un tableau du grand Greuze

Rappelant au passant cette vie éphémère.

 

Seul, dans la nuit qui descend et nous couvre

D’un voile ténébreux, je me sens emporté dans un monde

Irréel et déjà si amer comme dans un grand gouffre

Froid, éternel, profond, misérable et immonde.

 

Et je me vois là, au milieu des misères humaines

Donnant mes entrailles putrides à des chacals hideux

Qui, de leurs pattes affreuses, déchirent les bedaines

Des bourgeois bedonnants aux membres fluctueux.

 

Le triste Achéron est un fleuve sans fin

Sur lequel danse sans cesse un étrange bateau

Dont le pavillon noir est orné d’un coffin

Symbolique et brillant et d’une grande faux….

LES OUBLIES

​

Ils sont assis en rond, les yeux écarquillés

Malmenés par la vie et l’injuste destin,

Ballotés ça et là, tremblants, dépenaillés,

Attendant patiemment que vienne le festin

Qui dans le froid du soir obsède leurs pensées.

Transis et malheureux dans leur triste douleur.

 

Ils ont tout oublié: l’odeur des fricassées,

La douceur du foyer, les gestes cajoleurs.

Serrant leurs petits poings face à l’adversité

Ils vaincront courageux l’effroyable malheur

Pour retrouver heureux l’adorable gaieté

Des enfants câlinés ignorant leur bonheur.

 

Béni ce jour radieux ou le sort s’est calmé

Sous les traits souriants d’un voisin alarmé

Devant les yeux cernés des pauvres affamés

Flottant dans leur chandail aux coudes élimés.

Il suffît d’un regard attentif et humain

Sourire dans la nuit, rêve inattendu,

 

D’un geste anodin tel que tendre la main

Pour transformer l’espoir en amour éperdu.

Aimer et partager, donner et recevoir,

Ces verbes sonnent creux pour ceux qui les renient

Et restent dans le noir repoussant leur devoir,

Aveugles, insensés devant l’ignominie.

 

Assumons le présent, n’attendons pas demain

Pour donner à chacun un meilleur lendemain.

Aidons l’institution contre la pauvreté

Et ce nouveau fléau nommé précarité

Qui chaque jour surprend au détour de la vie

Les humbles ignorés aujourd’hui asservis.

FOURNAISE

​

Les renards apeurés ont quitté leur tanière,

Les lapins apeurés ont rejoint la lisière.

Le feu fou attisé embrase la clairière

Et de cols en vallées s’étend l’âcre fumée.

Le fauteur de ce trouble, comme à l’accoutumée,

Un touriste cynique de triste renommée,

Anonyme mortel, inconscient, effacé,

Ignorant et stupide en ces lieux déplacé.

Des arbres centenaires vont périr écorcés,

Calcinés et noircis, par une nuit d’été.

L’autochtone impuissant, fébrile, hébété,

Désarmé, oublié, attristé, rejeté,

Voit brûler sa forêt…

MYSTERES

​

Des milliers d’étoiles ont éclairé ma nuit

Peuplant mes songes creux de comètes ailées

Qui dans un lent ballet comblent leur ennui.

 

D’étranges chevauchées aux éclats endiablés

Illuminent les cieux de leurs folles lueurs

Et laissent dans le noir la trace de leur queue,

 

Panache argenté dont les vives couleurs

Dans l’univers lointain de ces astres aqueux

Où peut être demain la vie s’éveillera.

 

Quand brûlent les novas c’est un agglomérat

Poussière du big ban qui lentement s’éteint

Mettant fin à jamais à ce curieux destin.

 

 

20/10/2014

« La société a besoin de poètes, comme la nuit a besoin d'étoiles. »

Stanislas de Boufflers

SUFFISANCE

​

Quand le glacial dédain de quelques citadins

M’interpelle vexé de tant de fatuité

Je sens monter en moi une animosité

Tempéré par la honte de gestes anodins.

 

Je veux bien assumer la versatilité

De ceux que j’ai aidé mais ne veut point plaider

Face à des inconstants mon refus d’accéder

A leurs sombres souhaits créant l’hostilité.

 

Règne d’hypocrisie aux funestes désirs

Les actes collectifs sont éloignés des mots

Et dans l’adversité ils ressassent leurs maux

M’accusant acharnés de tous leurs déplaisirs.

 

Leurs regards lointains traduisent les colères

Envers tous ceux qu’ils croient la cause de leurs pleurs

Ajoutant cet orgueil, inutiles râleurs,

Aux futiles clameurs de rumeurs délétères.

 

 

 

 

Faut-il vraiment donner pour recevoir ?

...

CAUCHEMAR

​

Comme le rêve fou aux obscures pensées

Encombrant éthéré mon âme embuée

Je m’enfuis affolé vers d’autres destinées

Emporté par la brise aux délires insensés.

 

Ma musique est funèbre et ses notes brisées

Déferlent en saccade comme tristes nuées

Sur l’esprit encombré d’ombres enchaînées

Vacillant sous la flamme de désirs angoissés.

 

Vampire délaissé aux canines aiguisées

Je sors de mon abri insensible aux huées

Et recherche affamé les pâles dulcinées

Au blême cou laiteux et membres convulsés.

 

De mon château de sable aux immenses croisées

Desquelles je voudrais, frénétiques ruées,

M’envoler allégé dans d’étranges traînées

Pour rejoindre à jamais le clan des trépassés.

TROUBLES

​

Dans mon antre glacé brûle la cheminée

Diffusant sa chaleur dans notre maisonnée.

La bise se brise sur les carreaux gelés

Secouant les volets de son souffle aigrelet.

 

Assis au coin du feu je m’endors sagement

Laissant vagabonder mes idées sciemment

Engourdies par le froid flashant l’image floue

Vers d’autres horizons peuplés de rêves fous

 

Où diables crochus, cornacs d’éléphants roses

Remuant leur trident triturant ma cirrhose

Dansent leur saint sabbat autour de ma folie,

Délire exacerbé attendant l’homélie.

 

J’ai perdu mon chemin en brisant mon compas

Et l’étoile du nord me guide au trépas

De ce pas incertain traduisant mon émoi

D’entrevoir cette fin aux portes de l’effroi.

ILLUSIONS

 

Du passé passionné auquel j’ai tout donné

Il ne reste plus rien, souvenirs effacés

Du fonds de mon esprit en flots désordonnés

Trop longtemps enfouis en regrets ressassés.

 

Le destin est inscrit sur la page froissée

Ecrit en lettre d’or sur le papier glacé

Du livre de ma vie aux empreintes gravées

Par le temps écoulé de vœux inachevés.

 

Ils répètent partout l’aphorisme lointain

Qui trône au dessus des lieux républicains

Sans pour cela lâcher leurs riches indemnités

Sous les ors des palais scellant l’impunité.

 

Le monde doit changer vers un fier avenir

Où solidarité, amour, fraternité

Ne seront plus des mots mais la réalité

Autour de rêves fous pour mieux se réunir,

 

Se comprendre et s’aimer.

A BRIGITTE

​

Un turban sur son front,

Un sourire brillant.

Des dents de porcelaine,

Une fine peau d’ébène.

Des yeux noirs malicieux

Un regard ambitieux.

Une verve vive

Que la vie avive.

Des éclats de rire

Que la joie inspire.

Une spontanéité,

Eternelle gaieté,

L’aisance naturelle,

La vaine querelle,

Rien ne l’interpelle

Car au jeu elle excelle.

Son charme enjôleur

Parfois ensorceleur

Dévoile les rondeurs

Sous l ample débardeur

D’une fausse pudeur

Mais réelle candeur.

 

Son cœur est immense

Et en plus elle pense…

MA SOLITUDE

​

Dans le bourg engourdi aucun bruit ne frémit

Seuls les volets ouverts claquent au gré du vent.

Comme des feux follets des ombres égarées

S’éloignent dans le froid quand la bise gémit

Emportant dans le soir ces reflets d’un avant

Où les rires d’enfants enflammaient les soirées.

 

La vie s’en est allée effaçant la misère

Et ces longues années d’un labeur plein d’espoir

De passions déchirées, de rêves incertains

Faisant sourdre des bois en ultime colère

La voix des oubliés se glissant dans le soir

Vers un nouveau destin et ses tourments lointains.

 

Aujourd’hui tout s’éteint et les âmes s’enfuient

Abandonnant ainsi aux intruses orties

Les jardins familiaux et les sombres allées

Peuplées de revenants aux regrets pleins d’ennuis

Cherchant désespérés un peu de sympathie

D’autochtones discrets à jamais esseulés.

LE CRABE  (A mon ami…)

​

J’ai vu le crabe noir et ses pattes velues

Réveiller sa douleur au tréfonds de son corps

Sanguinolent espoir d’un ultime salut

Livré au seul destin d’un polype retors.

 

Etouffant les sanglots devant la tragédie

Il faut les dents serrées résister au cafard

Conserver le moral face à la maladie

Malgré les yeux cernés et le faciès blafard.

 

Il répand lentement son morbide venin

Et lance sans pudeur ses putrides assauts,

Adénome crochu que l’on voudrait bénin

Résistant sans pitié aux fragiles sursauts.

 

Et puis de temps en temps le soleil matinal

Troue l’horizon blême et réchauffe son cœur

Enhardissant ses sens pour ce combat final,

Féroce pugilat dont il sera vainqueur.

L’USURPATEUR

Crépuscule d’un satrape

​

Insensible vengeur exprimant sa fureur

Enfin il a osé imposer la terreur

Déposant le masque de rancœur et de peur

Qui cachait du vainqueur le sourire trompeur.

 

Acteur froid, querelleur, avide dictateur

Il pointe menaçant l’index accusateur

Vers ceux qui hier censeurs ont froissé le meneur

Frondeurs provocateurs fidèles à leur honneur.

 

Un tel comportement méprise l’électeur

Qui par diktat du roi devient agitateur

Subissant l’agonie d’un despote hurleur

Sentant le soir venir le vent de son malheur.

L’ENVOL

​

Figé, les yeux mi-clos, dans son songe perdu

Il égrène des mots en fébriles sursauts.

Se mêlant au présent en surprenants assauts

Les souvenirs lointains reviennent éperdus.

 

Au pied du lit défait flotte comme un halo

Quand le corps se détruit et que l’esprit s’enfuit

Vers d’autres horizons au-delà de la nuit

Dans un râle angoissé d’un vibrant trémolo.

 

Son regard nébuleux scrute le sombre puits

Peuplé d’esprits errants qui flottent dans l’éther

Ectoplasmes mouvants récitant leur pater,

Eclairant brusquement un grand couloir qui luit.

LE LAGAST

​

Les arbres élancés aux ramures jaunies

Se dressent vers les cieux implorant le soleil

Effrayés des frimas préparant l’agonie

De longues nuits d’hiver d’un très profond sommeil.

 

Le brouillard mystérieux lentement apparaît

Sur les sombres vallées et les monts désertés

Faisant danser les haies et trembler la forêt

Peuplée de mille bruits en ces lieux tourmentés.

 

Et soudain surgissant dressé sur un grand mât

Les ailes déployées un monstre rugissant

Secoué par le vent d’un rigoureux climat

Sur les cimes boisées tournoie assourdissant.

 

Eole maîtrisé décuple d’énergie

Apporte la lumière aux foyers esseulés

Laissant la nuit aux uns aux autres la bougie

Et sort de leur ennui les sommets désolés.

LES GROGNARDS

 

Soldats fidèles ils ont connu la gloire

Signant de leur sang une page d’histoire.

Braves, audacieux, invoquant la victoire

Dans des chocs sanglants a l’issue méritoire.

 

Ils ont aimé la France et servi l’empereur

Dans des assauts violents à la vaine fureur

Partageant l’épopée dans toute sa terreur

Haïssant dans le soir une indicible horreur.

 

Chevauchant leur pur-sang dans la rude percée

Valeureux, sabre au clair, en rondes insensées

Ils exhortaient rageurs les troupes émoussées

Résistant impérieux à l’ultime poussée.

 

D’Austerlitz à Wagram, d’Iéna à Friedland

Ils hissaient les couleurs maintenant leur élan

Vers des combats futurs échafaudant les plans

Opposant les soudards aux solides uhlans.

 

Mais l‘astre a pâli dans un enfer neigeux

Sur la plaine glacée malgré le pont de pieux

A la hâte lancé sur les flots écumeux

Par les sapeurs d’Eblé aux gestes courageux.

 

Plus un éclat d’obus, les canons se sont tus.

La troupe s’étire au pas lent des vaincus

Sous l’insolent convoi de nos fiers ennemis,

Napoléon déchu et ses soldats soumis.

 

Les sans solde absous ont du quitter l’armée

Et chercher un abri malgré leur renommée.

Slivaritch le Croate s’installa à Gignac,

Patrie de Claparède où il posa son sac.

 

Téméraires grognards ils ont conquis l’Europe

Droits sur l’étrier du cheval qui galope

En folles chevauchées sur le sol hollandais

Pour vaincre l’ennemi Autrichien ou Anglais.

 

Aujourd’hui, réunis

Côte à côte, dans leur prison de pierre,

Ils gisent solitaires pour l’éternité

Sous la dalle gravée d’un sombre granité

Reposant en paix dans le froid cimetière.

A jamais enfouis.

A Mon Maxime

​

Plus que l’âge légal

C’est l’âge idéal

Où se mêlent aux rêves

Quand courent sur la grève

Les années éphémères

Chevauchant les chimères

D’un printemps insouciant

Au futur impatient

Qui, pour ceux qui te chérissent

Y compris tes nourrices

Sera plein de promesses

Et peut être….en Hermès.

 

​

Ce 5 juillet 2014

Papi Jeannot

L’ANTRE de la SOLITUDE

​

Chapeau vissé sur son crâne, visage rougeaud,

Une dent esseulée rehaussant ses mâchoires,

Des mains calleuses aux ongles incertains,

Une démarche instable et des pas inégaux

Dus à la chirurgie et ses nombreux déboires,

Une morale stricte à l’affût des potins,

Un regard acéré, indiscret et curieux,

Des sourcils en bataille épais et broussailleux,

Des oreilles attentives allongées et velues,

Un petit nez discret aux narines poilues.

 

Il vit comme autrefois dans sa ferme isolée

Dédaignant le progrès comme on fuit l’adversaire

Collectionnant les poêles et les vieux frigidaires

Vivant en solitaire dans sa salle meublée

D’un lit infâme, d’une table précaire,

Eclairant cette pièce d’une lampe funèbre

Attendant que le soir bouleverse les ombres

Et plonge l’univers en profonde pénombre.

La vaste cour boueuse envahie de décombres

Traduit l’état patent d’une maison qui sombre.

 

La porte branlante en très mauvais état

Laisse pénétrer par un large interstice

La bise hivernale dans le vieil habitat.

La toiture vétuste ressemble à la bâtisse

Subissant impuissante cette usure du temps.

Les fenêtres branlantes aux vitres poussiéreuses

Résistent éternelles depuis bientôt cent ans

Au climat rigoureux aux attaques furieuses.

 

Pourtant le Magnardès est terre d’opulence

Et l’hôte de ce lieu fait preuve d’indigence,

Refusant d’assurer par pure négligence

Les travaux exigés par son inconséquence.

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COURTISANE

​

Le béryl de sa vie est pendu à son cou

Transparent comme l’eau, taillé comme un diamant.

Il est le souvenir d’un opulent amant

Epris de sa beauté au type andalou.

 

De ses yeux émeraudes aux prunelles enflammées

Le regard séduisant pénètre le galant

Aux sentiments mêlés de passions sublimées,

Les sens tout retournés par cet air pétulant.

 

Une broche d’opale aux reflets irisés

Orne son chemisier à l’ample échancrure

Dévoilant des secrets largement exposés

Légèrement cachés par blonde chevelure.

 

A ses doigts effilés parés de fins anneaux

Brille un solitaire aux bleus scintillements

Digne par ses éclats des attributs royaux,

Parure éblouissante aux parfaits chatoiements.

 

Dans le fond du jardin

Fleurant le grenadin

 

Des lapis-lazuli rehaussent une mosaïque

Posée sous un jet d’eau de perles colorées

Donnant à cet endroit un style archaïque

Au charme suranné de couleurs bigarrées

IROISE

 

Mes larmes douloureuses sont des diamants qui perlent

Et coulent sur mes joues creuses comme vagues déferlent

Sur la grève embrumée de mes rêves fêlés,

Inscrivant sur le sable des signes emmêlés

Que le ressac efface en gommant le rivage

Sous les moutons d'écume d’une crique sauvage.

 

 

Sont-ce de souvenirs anciens que refluent ces images

Où d’illusions perdues du tréfonds de mon âme ?

Il y longtemps déjà, un jour de mariage,

J’ai taquiné ma muse pour un épithalame

Inscrit sur le granit, buriné par les flots

Déchaînés, agités sous le rai des falots.

 

 

Puis, marin solitaire, pour sillonner les mers,

J’ai dû quitter un havre où tout était douceur

Pour vaincre l’océan au gré de son humeur,

Toutes voiles dehors sous les embruns amers,

Guidé par la grande ourse et les vents alizés,

Emportant en mon cœur tant de rêves brisés.

 

 

Goémons, Goélands, Goélette, youyous

Vous êtes mon univers où bombardes et binious,

Vénérables instruments, égrènent mélodieux

Ces notes aigrelettes aux sons harmonieux

Qui rappellent au terrien que sous l’immensité

Secouée par la houle, est née l’humanité.

 

 

Vers un monde nouveau portons haut le flambeau.

Préservons ce berceau avant qu’il soit tombeau

Des atteintes fatales, anormale souillure,

D’une nature impure en pleine flétrissure,

Saccagée et livrée aux profits indécents

De trusts déliquescents, avides et inconscients.

 

Unis et solidaires arrêtons le pillage,

Brisons ce lourd carcan, mettons fin au carnage.

HELOÏSE

 

Un vieux pétrin de bois où la pâte se lève

Dans l’arrière boutique trône anachronique

Devant un four de pierre voûté et archaïque.

Ce souvenir m’étreint et me revient en rêve

Où je revois émue l’insoumise Héloïse,

Devant ma tentation mes yeux inassouvis

Face à ces friandises sur l’étal étalées,

Troublée par la candeur aux sourires ravis

De cette envie d’enfant que la vision attise,

Impatient, affamé des douceurs emballées.

 

Le dimanche matin en route pour l’église

Je pénétrais malin dans le fournil étroit

Par le portail de bois, vestige d’autrefois

D’une riche demeure emplie de gourmandises

Auxquelles j’avais droit sous le tendre regard

De cette boulangère adorant le moutard.

La crème fouettée, la pâte feuilletée,

Les débris de gâteaux, les miettes sucrées

Etaient des entremets de grande qualité

Et devenaient ainsi mes desserts préférés.

 

Empruntant aujourd’hui cette grand’ rue sans âme

Je constate amer les devantures vides

De ces immeubles nus aux façades livides

Signes de ce déclin que je vis comme un drame.

Mes souvenirs sont là indicibles et présents,

La place du Planol, l’impasse condamnée,

Les halles agitées, le parc abandonné,

L’école de musique aux bruits effervescents,

Les boutiques nombreuses et la boulangerie

Proches d’hôtels classés cernant la viguerie.

 

Mes souvenirs sont là indicibles et présents,

Quand je revois émue l’insoumise Héloïse,

Les allers et venues des jeunes adolescents

Dans cette rue grouillante que la vie électrise.

Maintenant désertée cette artère a perdu

Son prestige d’antan, sa beauté de naguère

Et s’endort hébétée loin des fastes éphémères

Dans la décrépitude d’un naufrage éperdu.

 

Etrange paradoxe de voir le cœur mourir

Quand les faubourgs explosent vers un autre avenir.

ISABELLE

​

Quand les ans s’amoncellent

Le temps s’enfuit à tire d’ailes

Et devant cette stèle

Où je m’assois fidèle

Attendant qu’on me hèle

Souvent je t’interpelle

Comme une ombre irréelle

Qui au bleu du ciel se mêle.

 

Les souvenirs s’emmêlent

Dévidant pèle mêle

Au profond que l’on cèle

Ce que l’âme recèle

Distillant avec zèle

D’inutiles querelles

Impatientes étincelles

Du passé que l’on scelle.

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JOUR D’ETE

 

Quand dans le ciel d’azur les oiseaux exaltés

Volent vers le soleil dessinant dans les nues

Un ballet incessant d’une étrange beauté

Faisant vibrer l’éther de concerts continus,

 

Quand la source coule au milieu des ajoncs

L’onde cristalline libère sa fraîcheur

Nourrissant le cresson ou frayent les goujons

Attirant insolents le vif martin pêcheur,

 

Quand la mare verdit, immobile abri

De nymphes et têtards sous le zéphyr ardent,

L’invisible renaît de ces eaux assombries

Et peuplera la nuit de mille bruits stridents,

 

Quand les ombres s’enfuient chassées par la clarté

Les criquets stridulent dans les blonds triticales

Monotones refrains berçant ce jour d’été

Où dans l’air suffocant volètent les cigales,

 

Quand mon corps assoupi réveille ma raison

Naissent les rêves fous flottant au firmament

Donnant à ces instants, bucoliques moments,

La douceur de l’espoir d’une belle saison,

 

Je profite heureux de la sérénité

De cet éden cuisant au calme ouaté.

 

 

J.M Jover 10/08/13

LAMPEDUSA

​

Sur ses flots déchaînés la mer roule les corps

Des pauvres naufragés dans les cales parqués

De vieux bateaux rouillés par des passeurs retors

Avides prédateurs de ces êtres embarqués

Vers leurs rêves fiévreux d’un monde de bonheur.

Aujourd’hui ils sont morts et le vent attristé

Vers l’ile espérée emporte leur clameur

Dans le chaos du soir des cargos dévastés.

 

Ils ont quitté leur sol vers un eldorado

Aux illusions perdues les yeux emplis d’espoirs

Ignorant dans le noir leur ultime credo

Unis, pêle-mêle, dans l’immonde dortoir.

L’éden est à deux pas mais le roulis mortel

Sous les assauts fatals des vagues agitées

A couché les bateaux pour un destin cruel

Des migrants entassés dans les soutes ventées.

 

Des silences des morts sourdent des cris d’effroi.

​

​

28/01/15

L’HISTRION

​

Naître con je le sais devient un privilège

Le devenir par goût traduit un sortilège

L’être sans le savoir un bémol de solfège.

Toi mon ami tu l’es sans concession aucune

Car tu n’as pas de gènes effaçant ces lacunes

Que souvent haut et fort tu exposes à la une.

Méfies toi cependant de celui qui sommeille

Et du sursaut nerveux du trop rapide éveil

Constatant inutile ton permanent conseil.

Ton dessein est si clair qu’ont lit dans tes pensées

Ce désir étouffé et ses sombres visées.

Le Judas est en toi et ta jaune risée

S’efforce d’effacer tant de souhaits cachés

Par ce goût outrancier à l’intrigue attaché

Que d’autres avant moi ont pu te reprocher.

 

Ainsi font les bouffons à tous les râteliers.

LE CHAT

​

Le chat noir étiré sur le fauteuil crapaud

Les yeux mi-clos ronronne les griffes rétractées,

La tête entre ses pattes, les canines saillantes,

Les oreilles en alerte, vigilant et paisible.

 

 

Il somnole épuisé encore tout penaud

Des griffures et morsures subies cette nuitée

Du chat du voisinage sauvage et malveillant

Châtré, mutilé, violent, incorrigible.

 

 

Ce matou égaré aux longs poils hérissés

Domine insolent ses frêles congénères

Qu’il poursuit agressif dans leur retranchement

Dans des combats douteux aux victoires amères.

 

 

Le jardin est spacieux et l’animal dressé

Sur son siège douillet au calme se régénère,

Attendant patiemment que s’offre le moment

Où enfin requinqué il vaincra le compère.

 

 

Mistigri trop petit devra attendre un peu

Pour chasser le félin importun en ce lieu

Qui dédaigneux le nargue tel un énergumène,

Belliqueux et sournois, indiscret et sans gêne.

LE COLLEY

​

Je rêve d’avenir en cette aube blafarde,

Entrevoyant le jour d’une pure clarté

Animant lentement le mont où il musarde

Navré de mettre fin à la nuit ouatée.

 

Montagnes et vallées vont découvrir l’été,

Ardentes et vivantes sous le pas des troupeaux

Repus et rassasiés, le ventre dilaté

Contents sur ces pacages réservés aux bestiaux.

 

Emmené sur l’adret par le berger futé

Le colley vagabonde surveillant, exalté,

Jovial et fort heureux, les moutons agités.

 

Obéissant au maître dans la sérénité

Vers les vertes pâtures, survolté, excité,

Ramène la brebis et l’agneau effrontés,

Résistants et têtus, épris de liberté.

LE SILENCE

 

De cette rosée si pure je voudrais m’enivrer

Pour sourire au soleil d’un éclat chaleureux

Qui darde plein d’ardeur sans jamais s’attarder

Ces lieux trop silencieux où l’homme vit heureux.

 

Les sentiers escarpés tracés par les troupeaux

S’éloignent des chalets et grimpent aux alpages

Empruntés cet été par les bergers sauvages

Robustes et résistants recouverts d’oripeaux

 

Rejoignant éreintés la vétuste cabane

Qui durant de longs mois dans la nuit solitaire

Va abriter leurs rêves bouillonnant sous leur crâne

Sur la couche infâme qui meuble leur repaire.

 

Au loin le pic dentu à la neige éternelle

Habillant d’un linceul ses ravines perdues

Se dresse immobile solide sentinelle

Surveillant imposant les vastes étendues.

 

Les ours tout engourdis ont quitté leur abri

Recherchant affamés de quoi les rassasier

Dans le brouillard épais sous un ciel assombri

Agressifs ou craintifs à l’instinct carnassier.

 

Les marmottes éveillées d’un naturel peureux

Joyeuses et excitées jouent sur le rocher.

Elles ont choisi l’adret aux éboulis pierreux

Pour filer prestement au terrier se cacher.

 

La horde famélique sous l’œil du patriarche

D’une meute de loups efflanqués et cruels

Attend l’instant propice où son génie farouche

Lui dictera l’endroit où traquer le cheptel.

 

Puis sous les pieds l’on foule en baissant les regards

Une vie minuscule de vraie diversité

D’un univers caché dans cette immensité

Qui des hommes pressés mérite les égards.

MEDITATION

​

Abandonner la vie c’est gommer son futur,

C’est quitter le bateau aux voiles déchirées

Quand la coque ballote avant de chavirer

Et que le vent violent secoue le corps impur.

 

Les images affluent d’un passé rameuté

Mêlant aux souvenirs l’instant intemporel

Préparant le couloir d’où partira l’appel

Vers la rive sacrée aux récifs tourmentés.

 

La conscience s’éteint quand tremble la lueur

Des flammes sur le mur attisant le délire

De celui qui soudain souffre et soupire

Dans un rêve amer sans larme ni sueur.

 

Quittant ce corps sans vie l’esprit s’est envolé

Jetant un regard noir sur la chair délaissée

Vers l’autre dimension au parcours étoilé

Franchissant libéré la rivière glacée.

 

Au-delà du néant l’inconnu me séduit

Exaltant sans cesse ma raison endormie

Quand je rêve le soir et m’éveille la nuit

Sans réponse donnée ni nulle accalmie.

MES GALOPINS

​

Ils sont assis en rond sur le sol du salon

Enserrant dans leurs bras le vénéré ballon

N’attendant que l’accord des parents attentifs

Pour libérer leur fougue insouciants et actifs.

 

Ils sont six solidaires prêts à franchir le seuil

Du havre familial converti en écueil

Dans l’espoir d’embraser cette vivacité

Le long des rues et places de leur belle cité.

 

Ils vivent à l’unisson en garde alternée

Emplissant de leurs cris l’étroite maisonnée

Qui résonne animée de cette joie d’aimer

Et de tant de bonheur qu’il leur faut exprimer.

 

Quatre garçons espiègles entourent leurs deux sœurs

D’une tendre affection, protecteurs et farceurs,

Dans le décor heureux d’une famille unie

Active colonie vivant en harmonie.

 

Le tendre Benjamin est devenu rétif

Maxime se consacre à son futur sportif

Thomas le blondinet est bien affectueux

 

Lucas le cérébral reste le plus anxieux

Océane rusée acère son caractère

Marina la cadette sans cesse vitupère.

 

Devant tous ces destins avides d’avenir

Il faut dés aujourd’hui forcer et soutenir

Les talents et faiblesses, apprendre à prévenir.

METAPHORE FLORALE

 

Quand on parle de roses

En vers ou bien en prose

Je me métamorphose

Pour défendre la chose.

 

Quand des bruits m’indisposent

Amer je m’interpose

En recherchant la cause

Des avis qui s’opposent.

 

Quand le fracas se pose,

Agressif ou morose,

J’évite la psychose

En sage virtuose.

 

Lorsque mes mains je pose

En ressentant l’osmose

Sur cette fleur éclose

Que la rosée arrose,

 

Un monde grandiose

Où le bonheur s’impose

Dans mes rêves s’expose

En vive apothéose

 

Confirmant ce que j’ose :

Ma passion pour... les roses.

MIRAGES et ILLUSIONS

​

Quand le soleil couchant rougeoie à l’horizon

Réveillant les lutins et autres farfadets

Je me mets à rêver en perdre la raison

De ce monde furtif aux avens insondés

Peuplé de mille bruits, d’arbres échevelés

Aux ombres affolées engourdies dans le froid

Ecoutant tremblotant le grand duc esseulé

Les yeux perçants fixés sur sa future proie

Attendant patiemment la profondeur du soir

Pour déployer ses ailes et s’enfuir dans le noir.

 

Le gnome endormi s’étire puissamment

Sous les rayons blafards d’une lune troublée

Par les nuages gris couvrant le firmament

Décrivant dans l’éther une valse endiablée.

La clairière s’égaie sous les rires joyeux

Des génies libérés de leurs geôles celées

Festoyant bienheureux dans leurs habits soyeux

Goûtant la liberté sous les cieux étoilés

Au rythme des tambours et des fifres de buis

Qui bercent en douceur la plus belle des nuits.

 

Ces délires troublants d’un univers discret

S’agitant sous nos pieds impose le secret

D’une douce folie aux rêves vaporeux

Délivrés nébuleux d’un tréfonds rigoureux.

ONDE VAGABONDE

​

Mon esprit bouillonne comme un ruisseau d’été

Impétueux oued quelques fois asséché

Espérant patiemment l’orage souhaité

Quand chantent les grillons sous les herbes cachés.

 

Je résiste parfois aux courants des ardeurs

Qui me poussent soumis vers le noir mystérieux

Où s’inscrit mon destin aux fragiles candeurs

Intangible futur banal ou chaleureux.

 

Les nuits freinent les jours, les rêves les désirs

Laissant aux imprévus le choix du lendemain

Sur la route tracée menant à l’avenir

Qu’il faut savoir saisir au détour du chemin.

 

Je regarde assis les flots effervescents

Caressant agités les rives engourdies

Aux ressacs écumeux d’un bruit étourdissant

Charriant agressifs les plantes affaiblies.

 

Dans son élan d’émoi le ru va s’effacer

Jusqu’à la pluie d’hiver qui le fera bruisser.

PLENITUDE

​

Vieillir ensemble c’est voir son passé dans les yeux de l’autre.

Alors……

​

Quand le soleil faiblit laissant place à la nuit,

Que tes forces déclinent et que l’esprit s’enfuit

Résiste indompté à la peur du déluge,

Garde au fond du cœur tes plus profonds désirs.

 

Malgré le rude choix de quitter ton refuge

Où dorment délaissés de précieux souvenirs,

Montre à la veillée ta franche bonhomie,

Résiste combatif aux douleurs ennemies.

 

Parle à tes amis des peurs évanouies,

Profite des moments en tout point inouïs

Avec ceux qui t’entourent dans la salle douillette

De ce lieu moelleux où tu vis ta retraite.

 

Vis, chante et ris sachant nous attendrir

En ces jeux théâtraux exprimant ton plaisir,

Efface ces tourments qui te font tant souffrir

En recouvrant serein cette soif d’avenir….

 

Donne à tes jours l’envie, les rêves à tes nuits,

Jouit donc de l’instant contre le temps qui fuit…..

PRINTEMPS

​

Les lents roulements

Des tambours de l’amour

Palpitent et s’agitent

Dans mes veines trop pleines

D’un miel vermeil.

 

J’entends le printemps

Dans la nature pure

Où sont les buissons

Les myrtes et les menthes

Les oiseaux bien beaux

Les renards fouinards

 

La rivière claire

Dans des gerbes d’herbe

Semble courir.

Au pied des montagnes

Le ciel si bleu

Comme un mirage

Semble mourir.

 

Assis dans le bois qu’on foule

Je me sens souffrir.

Mais que la vie s’écoule

Je ne veux point moisir.

Urgences et Promiscuité

Brouillard dans la nuit

​

Un cri trouant la nuit, une onomatopée,

Un songe réveillé, cruelle mélopée,

Une pauvre mamée d’un asile échappée

Oubliant sa pudeur dans sa blouse drapée.

 

Un vieillard isolé hurlant son désespoir,

Immobile statue posée dans le couloir

Fixant ses souvenirs effaçant le présent

L’œil exorbité apparemment absent.

 

Et pendant ce temps là j’attends impatiemment

Froidement agité que vienne le moment

Ou le sac sur le dos je quitterai ce lieu

Abandonnant ainsi ce mystérieux milieu.

RASTOKE

​

Quand la clameur des flots monte de l’abîme

Aux profondes noirceurs insondables avens

Sculptés dans le rocher que le courant anime,

Cascades éthérées chutant du fier ravin,

 

Les moulins impatients moulent le grain doré

Sous la meule de grès inlassable pilon

De mouture blanchie finement décorée

Emplissant grassement les sacs de jute blonds.

 

Et sous le pont branlant coule le ruisseau

Aux reflets irisés courant sur les galets

S’engouffrant libéré dans un bruissant sursaut

Poursuivant son chemin en étranges ballets.

 

Dans les boyaux étroits le ressac cristallin

Creuse inlassable le calcaire battu

Par la force des crues descendant d’Ogulin

Quand la neige se perd sur les versants pentus.

Requiem

​

Nos souvenirs communs un jour s’en sont allés

Arrachés lâchement par une nuit d’hiver

Quand la bise gelée remonte les vallées

Et que la fin de vie interrompt le calvaire.

 

Si le temps s’est enfuit, métronome muet,

Les pas dans le chemin à jamais effacés

Témoins de nos plaisirs et de nos vains regrets

Sont à jamais gravés dans nos cœurs angoissés.

 

C’est une aube blafarde qui sur ton corps glacé

Dépose un rayon en ultime rictus,

Mêlant à cet adieu de mon âme blessée

Les tumultes aigris flottant sur le patus.

​

Les regards sont fixés sur le cercueil ciré

Nimbé dans le brouillard sortant de l’encensoir

Que le prêtre secoue pieusement inspiré

Rappelant que la mort doit imposer l’espoir.

 

 

​

Ce 04/02/14 “Il reste toujours un peu de parfum à la main qui donne des roses.” Confucius

RESURGENCES

 

Le soleil qui flamboie réchauffe les galets

Où nos rêves brûlés aujourd’hui effacés

Valsaient dans l’air du soir en étranges ballets

Emportés fugitifs vers nos espoirs froissés.

 

De rochers en rochers le fleuve suit son cours

Immuable parcours aux souvenirs d’amours

Où le bijou doré repose au fond du gourg

Dans son écrin rocheux enfoui pour toujours.

 

Renaissant du passé en flots reviviscents

La mémoire figée réveille les secrets

De ce bonheur naissant de vifs adolescents

Découvrant la passion en ces lieux si discrets.

 

Les arbres ont grandi le chemin s’est tracé

Le calcaire rongé aux deux cœurs enlacés

Ravive ces instants de douceur partagée

Quand flottent dans l’éther nos rêves imagés.

 

​

07/02/13

PARTAGE

​

Ils ont les cheveux blancs et bien des choses à dire

Sur ce qu’ils ont vécu sans jamais rien maudire

Malgré les jours sans pain longs comme le carême

Quand les soirs de festin grillait la plate brême.

 

Le fier éphèbe glabre au visage pâlot

Surveille attentif le petit angelot

Frémissant sur ses jambes aux grands pas hésitants

Laissant à ses parents de savoureux instants.

 

Le grand père excité par le pousse café

A posé sa casquette, le chef ébouriffé,

Racontant cette guerre qu’il a cent fois refait

Le verre à la main, le maintien imparfait.

 

L’aïeule encore alerte berce le nouveau né

Le visage angélique au front parcheminé

Heureuse de couver sous son aile précieuse

La cadette peureuse à la bouille gracieuse.

 

Les marmots écarlates se sont assis en rond

Sous le regard sévère du père furibond

Veillant sur la marmaille ivre de liberté

Composant sa famille, son unique fierté.

 

Devant tant de bonheur aujourd’hui partagé

Dans la douce quiétude d’un moment protégé

Renforçons ces liens nécessaires au plaisir

De rencontres heureuses qu’il faut savoir saisir.

 

Unissons nos passions pour atteindre le but,

Agissons de concert tendus tout azimut

Pour créer enchantés l’humaine relation

Favorisant l’échange inter génération.

 

Suscitons attendris de folles vocations

Qui demain effrayées sous les acclamations

Rougiront du plaisir d’avoir participé

A l’élan collectif touchant et dissipé.

 

Sur la scène obscure les spots vont s’allumer,

Les acteurs enchanteurs se mettre à déclamer,

Les décors s’agiter d’une vie déchaînée,

Les trois coups libérant une joie réfrénée.

 

Cheveux blancs, mèches blondes sont unies gentiment

Sur les planches d’un soir pour notre amusement

Devant le rideau rouge s’ouvrant aux spectateurs.

Impatiente et fébrile la troupe d’amateurs

Crée pour vous divertir cette semaine bleue,

Un instant radieux aux joies inoubliables.

SOLITAIRE

​

Le solstice d’hiver a prolongé la nuit

Plongeant dans le soir sous son ombre pesante

La ville endormie recouverte d’ennui

Attendant sagement l’aube apaisante.

 

Les décors ont fleuri en guirlandes bleutées

Les sapins sont parés d’ornements colorés

Les rues illuminées encore désertées

Frissonnent dans le froid aux griffes acérées.

 

Sur la place glacée allongé sur le sol,

Couvert de sacs souillés et de cartons mouillés

Un homme esseulé s’est noyé dans l’alcool

Effaçant dans l’excès ses rêves oubliés.

 

Son demain est tracé sur le triste pavé,

Endormi à jamais solitaire clochard

On le retrouvera sur sa couche lové

Dans la rue isolée anonyme pochard.

 

La cloche sonne aux tours de Carcassonne……

Gaston est mort de froid sans froisser personne……

​

 

11/12/08 

VISION FUNEBRE

​

Quand mes yeux grands ouverts fixeront le néant

Dans un grand linceul noir mon corps reposera

Donnant à ce présent la couleur du passé

A jamais effacé par le temps et l’oubli.

 

Les flammes danseront dans le foyer brûlant

Dont la vive chaleur avide embrasera

Le funèbre ornement fraîchement repassé

Pour rayer pour toujours une vie bien remplie.

 

L’urne de vernis vert dans un grand trou béant

Au milieu des cercueils, seule se dressera,

Vestige minéral dans un monde glacé

De mes cendres figées entièrement emplie.

​

 

“Quand on ne sait pas ce qu’est la vie, comment pourrait-on savoir ce qu’est la mort ?”

Confucius

YVETTE

​

Un cœur battant chamade, plus gros que son cerveau,

Une foi d’airain sans faille dans un chœur de dévots,

Une langue acérée cause de tous ses maux

Alignant volubile une litanie de mots

Distillant anecdotes et bévues de bigots

Dans un flot de paroles en éternel écho.

 

Elle cède souvent à ses nombreux caprices

Toujours émerveillée par tous ces artifices

Que lui offrent gratis d’attirants catalogues.

Passionnée des granules et vraie pharmacologue

Elle prescrit toujours en homéopathie

Le remède efficace soignant son empathie.

 

Précédée par son chien, quadrupède éclaireur,

Elle arpente la place, étrange promeneur,

Recherchant la fraîcheur sous la lueur lunaire

Et les rais de lumière des faibles lampadaires

Dont le halo blafard donne à son regard

Un air fantastique dans le pâle brouillard.

 

Un grand jardin discret derrière le presbytère

Abrite des secrets, véritables mystères

D’une plante sauvage qui seule prolifère

En cet enclos prospère aux récoltes amères.

 

Et l’on peut voir la nuit sous le ciel étoilé

Yvette auréolée semer des granulés,

Epiée, surveillée par l’active douane

L’œil rivé au carreau, curieuse et mythomane,

 

Faisant fi des on dit

Et de leur perfidie

Guignant le paradis

Bravant les interdits

.

RESONANCE

​

Mots fous virevoltant au gré d’une passion

Que le rêve relève en étrange tension

Sur les flots vaporeux du lugubre canal

Où glisse le chaland éclairant le chenal.

 

 

Le verbe en verve chante à l’unisson,

Le vers musical vibre secoué par le son,

La rime cadencée aux allitérations

Rythme et se répand en folle invitation.

 

 

De Charybde en Scylla la douce mélopée

Entraîne mon esprit de brume enveloppé

Vers les fatals écueils de l’île des effrois

Aux sirènes charmées par de nouvelles proies.

 

 

Quand mon corps ballotté par les eaux courroucées

De brisants en récifs aux arêtes glacées,

Ma muse effrontée affronte mon mépris

Du voile matinal de mon ego aigri.

PLEURE-MISERE

​

Dans son capharnaüm, insociable rêveur

Assis auprès du feu, triste, abandonné,

Libérant sa folie et sa fière ferveur,

Il attend patiemment que son temps soit sonné.

 

Il se croyait puissant, il finit misérable

Dans sa grise maison à moitié délabrée

Masquée par le figuier atteignant la chambrée

Dont le mur gangréné branle incurable.

 

Fesse-mathieu grigou aveuglé par l’extrait

De comptes et sicav en euros libellés

De titres et livrets en banque recélés

Il note tous les jours et rêve d’intérêt.

 

Mais tel l’avare nu il brûlera le fruit

Chichement amassé, inutile trésor

Quand l’âge le vaincra le plongeant dans la nuit

Le corps enveloppé dans l’ultime drap d’or.

A…GILE GILLES

​

Attiré par le sud et ses riches envies

Il a quitté Carmaux vers sa nouvelle vie

Son rêve assouvi et son ego ravi

Il assure serein le sort de la régie.

 

Très fier de son métier il maîtrise son art,

Dirigeant efficient jouant avec les arcs,

Dangereux et puissants, quelques fois imprévus,

Dont la soudaineté vous fait perdre la vue.

 

Il assure constant le service des eaux

Et prépare soucieux le projet ambitieux

Qui d’un profond ravin délivrera les flots

De la Combe rendant son trésor fabuleux

 

Il a vaincu l’effroi d’une vieille station

En onde limpide changeant le glauque ru,

Livrant aux bactéries le cloaque en décrue

Supprimant de ce fait les boues en suspension.

 

Entouré de sa mie et de ses deux poupées,

Ses rêves les plus fous il a su les combler

D’un bolide gonflé et d’une belle Harley

Avant que de tenter la folle épopée

 

Au sein de ce conseil aux nuances mêlées

Provocante candeur du novice emballé.

REVERENCE

​

Comme le fruit trop mûr s’écrase sur le sol

Libérant un noyau augurant son futur

Son esprit vagabond s’enfuit dans son envol

Abandonnant ce corps en un sursaut obscur…..

 

Le croyant détaché convoite l’au-delà,

L’agnostique choqué pleure son compère,

La foule malheureuse venue du Ségala

S’incline longuement, prie et désespère…..

 

Les souvenirs anciens renaissent circonspects

Entremêlant amers des images ravies

Quand le bonheur chantait sous le noyer épais

Dont l’ombre glacée aiguisait nos envies.

 

Devant mon crème

L’aube se lève

Sur un jour blême

Aux heures brèves.

 

Au loin s’élève

Vers les ténèbres

La fin d’un rêve

Au glas funèbre.

 

​

Ce jour 27/10/2015 en souvenir de mon ami Momon la ┼

VIGILANCE

​

Nos tout premiers émois en nos corps palpitent

Quand le soleil d’été caresse langoureux

La peau douce brunie des touristes allongées

Sur le sable doré des plages engourdies.

 

Sous les chapeaux paillés les idées crépitent

Et les rêves émus de leurs sens amoureux

Envahissent l’esprit de formes imagées

Exacerbant l’envie d’un nouvel incendie.

 

Les rayons de soleil au zénith excitent

Ces chairs surexposées d‘un rouge douloureux

Calcinant patiemment sous le vif apogée

Qui du haut du ciel bleu chaleureux irradie

 

Les naevus sensibles que les uv irritent,

Mélanomes discrets, insidieux, dangereux

Bruns ou achromiques, trop souvent négligés,

Provoquent agressifs la triste maladie

 

Sournoise perfidie

Des rayons de midi.

 

​

​

La prudence ne prévient pas tous les malheurs mais le défaut de prudence ne manque jamais de les attirer.

(Jean Jacques de Lingrée)

SEPULTURES

 

Les cyprès effilés s’élancent vers le ciel

En ce lieu triste et gris d’un froid marmoréen.

Les tombeaux alignés en rigides rangées

Ont absorbé la vie pour un profond sommeil

Où se croisent invisibles, dilemme kafkaïen,

Les croyants et païens en quête d’hypogées.

 

Rue de l’égalité est le nom consacré

A cet étroit sentier qui monte vers les cimes

Creusé dans le rocher, profondément ancré,

Surplombant la vallée et ses abrupts abîmes.

 

La sombre nécropole est peuplée d’anonymes,

Illustres inconnus dont seuls les patronymes

Sont gravés à jamais sur ces pierres tombales

Recouvertes de mousse et de poteries pâles.

 

Le lourd silence pieux troublé par les bourrasques

D’un vent aigre et violent secouant les grands arbres

Nous emporte légers vers nos destins fantasques

Et nous guide aveugles vers nos geôles de marbres

Aux couleurs flamboyantes sous le grain abrasées,

Ultimes asiles clos de nos âmes brisées.

 

Les cyprès effilés s’élancent vers le ciel

S’approchant du zénith où brille le soleil

Chevauchant immobiles la campagne en éveil

Dont les fières nuances imitent l’arc en ciel.

Une société se doit d’être fière de sa diversité ……

 

SEGREGATION

 

Tout enfant j’ai connu la froideur des bourgeois

Assis sur leur dédain face aux pauvres aux abois

Exploitant sans pitié le flot des miséreux

Bousculés par leur vie de tristes culs-terreux.

 

Mosaïque patchwork, beurs, blancs, jaunes ou gris

Le monde composé n’est pas du tout aigri

Malgré l’hostilité de ceux des bien-pensants

Qui du haut de leur fric demeurent menaçants.

 

Jeunes désabusés, vieux dans la misère

Vivent un fol destin source de colère

Et sentent tristement leur morose futur

Basculer lentement en avenir obscur,

 

Et quand ils prient leur Dieu ils ont les mêmes mots

Espérant le pardon de gestes idiots

Envers le flot palot des traditionalistes

Fidèles à leur foi de fielleux extrémistes.

 

Un regard appuyé envers l’handicapé

Qui sur son chariot sur la voie escarpée

Souffre et se débat pour atteindre la butte

Evitant les écueils et le danger de chute.

 

Quand les gays maquillés juchés sur leurs talons

Troublant les hétéros jouant les étalons

Avides de passions aux rigides pulsions

Dansent ébouriffés au son des percussions…

 

La différence n’est pas l’indifférence

Privilège des cons, inertes, hésitants,

Certains de leur bon sens malgré leur inconscience,

Acerbes, indécis, un brin déconcertants.

SACERDOCE

​

Satisfaire les uns, encourager les autres,

Devenir diplomate en calmant son ardeur.

Réfréner ses colères en restant bon apôtre

Nécessite, je sais, éternelle candeur

 

Le pouvoir est un leurre qui satisfait les fats,

L’exercer est un art éloigné des vivats,

Un pur apostolat au service d’ingrats

Qui trop souvent deviennent de vrais indélicats.

 

La versatilité de cet électorat

Difficile à cerner me pousse à ce constat,

Préjugeant de ce fait le futur résultat,

Conclusion incessante d’une fin de mandat.

 

Âpre, rude, rugueux, véritable combat

Inutile et stérile fait de mille débats

Qui s’ouvre grandement aux nouveaux candidats,

Annonçant la campagne aux airs de pugilat.

 

Comme la mouche bleue attirée par l’appât,

Les frères ennemis rêvent d’assassinat,

De victoires amères et de gloire éphémère,

Promettant au quidam l’entrée d’une nouvelle ère……

 

 

Vanité des vanités, tout est vanité.

 

 

​

27/10/2012

GAUDRIOLES

 

Sous le soleil d’automne dans son caraco noir

Elle remplit mes rêves de songes imagés

Qui du tréfonds de l’âme secouent mon désespoir

D’atteindre dans ses bras des plaisirs partagés.

 

Un mirage m’enrage dans un décor d’orage

Où les sens éveillés s’envolent exaspérés

Vers un réveil fébrile semblable à un naufrage

Abandonnant l’écume des délires éthérés.

 

Phantasme étonnant d’un sommeil agité

Dans ce grand lit défait aux vieux draps colorés

Chargés des doux parfums d’intense volupté

Signes impérissables de geste égarés.

 

Et quand je l’aperçois asservie et gracile

Mes désirs versatiles remontent en surface

Dans le silence lourd d’une vision fragile

De ce corps désiré d’une indocile grâce.

 

Et son sage corsage boutons épanouis

Laisse entrevoir ses seins au galbe fascinant

Recouverts de satin aux damas inouïs

Affriolants dessous d’un attrait lancinant.

 

Sur ses bras découverts le hale de l’été

A mordoré la peau de traces indélébiles

Lui donnant cet aspect de trouble velouté

A portée de mes mains ardentes et malhabiles.

 

Un pantalon de jean enserrant bien sa taille

Souligne le pourtour de parfaites cambrures

Que mon regard curieux avec envie détaille

Suggérant indécent l’éternelle luxure.

 

Quand l’illusion gâchée en des rêves futiles

S’égare et puis se perd en des scènes frivoles,

Ensemble mettons fin aux prémisses inutiles,

Recherchons cette extase en folles cabrioles.

L’INSERT

​

Je suis l’être assis devant l’âtre où brûle l’hêtre

Attendant l’autre dans l’antre noir de mon mal-être.

Mes pensées vagabondent voguent et virevoltent

Avec vigueur elles valsent violentes et véhémentes

Au rythme des volutes des flammèches ardentes

Qui dansent animées tremblantes et désinvoltes.

La suie noire obscurcit la vitre que j’essuie

Effaçant sans façon l’esprit qui me poursuit

Dans un enfer de feu et d’ivresses brûlantes

Aux braises rougissantes et aux lèvres galantes.

SOLITUDE

​

Le brouillard ouaté écrase la vallée,

Efface la forêt et transforme la nuit

Donnant à chaque haie une inquiétante vie

Animé par les cris du grand duc affairé.

 

La hulotte chassée reprend son envolée,

Les ailes déployées vers le néant s’enfuit

Ressentant affolée un instinct de survie

Devant le prédateur par la faim attiré.

 

Devant l’âtre brûlant mon âme refoulée

Dans un sursaut d’orgueil résiste à l’ennui

Flotte dans l’univers en illusion ravie

Et tournoie fascinée par l’astre éclairé.

 

Les flammes qui rougeoient en ombres affolées

Eclairent en tremblant les murs blancs du réduit

Quand danse dans le soir ma folie assouvie

Fantastique vision de l’havre désiré.

​

 

20/11/10

DEVOTION

​

Dis- moi toi qui croyais tu as passé le gué

Quand ton cœur fatigué a cessé d’irriguer

Ton corps épuisé par l’amour prodigué

Sachant à tous les temps sans faute conjuguer

Ton verbe préféré qui fut le verbe aimer.

 

Tu as semé le grain qui demain va germer.

 

Dis- moi toi qui croyais tu as passé le gué

Respectant cet espoir maintes fois allégué

Oubliant ton supplice au diable relégué

Pardonnant sans tristesse à ceux qui t’ont nargué

Et dans l’adversité sachant te sublimer.

 

Tu as semé le grain qui demain va germer.

 

Dis- moi toi qui croyais tu as passé le gué

Et la mort qui rôdait contre toi s’est liguée

Me laissant tout pantois encore subjugué

Par l’amour radieux que Dieu t’avait légué

Et que tu répandais ravie de proclamer.

 

Tu as semé le grain qui demain va germer.

 

Dans ton cercueil de rouvre au satin damassé

Tu reposes apaisée le visage émacié

Soumise aux regards d’un public empressé

Voulant par sa présence prouver son amitié

Ignorant insensible que hier il t’a blâmé.

 

Tu as semé le grain qui demain va germer.

FROIDURE

​

L’herbe a disparu sous les flocons neigeux

Dansant dans le ciel gris légers et cotonneux

Dans un matin d’automne à la triste pâleur

Dont la folle venue absorbe les couleurs

De ces hautes futaies aux feuilles rougissantes

Fantômes dans le soir, ombres frémissantes.

 

En ces premiers frissons quand le corps se replie

Redoutant ces douleurs que le froid multiplie

La nature prévoit et entre en léthargie

Hibernant engourdie, préservant l’énergie

Source de sa survie en ces lieux indomptés

Où le rude climat doit être supporté.

 

Chacun doit retrouver la chaleur du foyer

Fermant à double tour la porte de noyer

Aux chagrins hivernaux et leurs sombres effets

Accumulant discrets les souvenirs défaits.

 

Le soleil est en deuil noircissant ma raison

Qui gémit et honnit cette morne saison

Aux longues nuits sans fin hantées de souvenirs

Mêlant mélancolie aux songes d’avenir.

SONGES

​

Accourir sur la grève frappée par le ressac,

Marcher la tête vide les pieds nus dans le sable,

Oublier sans micmac, sans le fric ni le trac

Un monde misérable où tout est périssable

Régit par le profit à l’odeur méprisable.

 

Honnir ces fondements aux angles délités,

Unir dans un effort aux effets politiques

Manuels aux lourds doigts d’or, travailleurs éreintés

Avares de savoir et d’espoirs pathétiques,

Intellectuels aux propos hermétiques,

Nantis anéantis par tant de polémiques.

 

Propager des idées solides et courageuses,

Approuver le désir d’un profond changement,

Rendre à chacun des heures plus heureuses

Traduire dans les faits le bouleversement

Attendu par l’armée de tous ceux qui galèrent

Gravement malmenés qui jusqu’ici tolèrent

Préparant silencieux une vive colère.

SURSAUTS…

​

La lune laiteuse dans le jour qui s’éteint

Eclaire tristement le quartier qui s’endort

Assombrissant le ciel vers le prochain matin

Oubliant sans regret le profond corridor

Quand vacillent les morts et chancellent les vies

Sous le fatal destin d’espoirs inassouvis.

 

Le silence pesant flotte dans mes rêves

Décrivant dans le soir les souffrances passées

Habitant mon esprit de cette terreur brève

Inquiétante folie aux larmes angoissées

Quand vacillent les morts et chancellent les vies

Sous le fatal destin d’espoirs inassouvis.

 

Les souvenirs heureux aujourd’hui disparus

Sont à jamais perdus effacés par l’oubli

Dans mes songes amers aux sanglots rugissants

Bruissant sur ce lit blanc ou mon corps s’affaiblit

Quand vacillent les morts et chancellent les vies

Sous le fatal destin d’espoirs inassouvis.

PANEGYRIQUE

​

Sous mes pas imprégnés de la boue du sentier

Dansent à travers champs les souvenirs mêlés

Egrenés sous la haie ou fleurit l’églantier

Dans le brouillard du soir aux souffrances celées.

 

Aujourd’hui effacée l’ombre s’envole au vent

Faisant frémir le bois où s’affolent les proies

Quand le soleil d’été réchauffe les vivants

Qui dans leurs rêves fous sont effarés d’effroi.

 

La ferme isolée endormie dans le noir

Tremble et palpite sous le ciel émaillé

Où filent des novas scintillant dans le soir

Me rappelant amer l’hôte dépenaillé.

 

Ces lieux inhabités aujourd’hui désertés

Hantés de mille bruits et de photos jaunis

Recèlent poussiéreux une ultime fierté

Et résonnent toujours de mille litanies.

 

Ami repose en paix….

Dans ce triste gourbi

Tu as vécu ta vie…..

FRATERNITE

​

Quand vibre le parvis de mille fantaisies

Le théâtre endormi reprend goût à la vie.

 

Pleine de bruissements et douces frénésies

La scène occupée par la troupe ravie

S’anime sous les cris des acteurs ébahis

Voyant sereinement les sièges envahis.

 

Du haut de son perchoir chargé de la régie

Le factotum ami règle la chorégie.

 

Les trois coups sont frappés annonçant le défi

Et embrouillaminis d’un vivant rififi.

Humaine tragédie d’un monde désuni

D’insensible froideur envers le démuni.

​

 

La solidarité s’enfuit, la solitude s’enfle, les misères se cachent, la société se délite…faut-il à cause de cela douter de l’avenir de l’homme ?...non !

Car vivre sans espoir c’est cesser d’exister.

KARMA

​

Quand le souffle s’éteint dans un râle glacé

Comme la vague meurt sur la grève pentue

S’en va le souvenir à jamais effacé

De ce que fût jadis cet être abattu.

 

De kyrielles d’éclats couvrant le firmament

Le jour s’évanouit laissant place à la nuit

Où les âmes esseulées, véritables diamants,

Bondissent dans le ciel maudissant leur ennui.

 

Frêle chrysalide quittant ce corps blessé

L’aura s’est envolée fidèle à son karma

Préparant son futur de ses actes passés

Relisant inconscient le long diaporama

 

De ces multiples vies, éphémères parcours

Parsemés de douleurs, de rires et de joies

Qui demain compteront pour un nouveau séjour

En nymphe éthérée toujours de bon aloi.

L’OUBLI

​

L’antre aux murs noircis d’un horrible taudis

Répand les souvenirs d’un être démuni

Abandonnant au vent l’étrange litanie

Caressant tristement l’âtre refroidi……

 

Le temps s’est écoulé effaçant le passé

Figé inénarrable sur des feuilles jaunies

Déchirées par l’ennui sur le ciment glacé

Où courent désormais des songes évanouis.

 

Le silence pesant embrume mon esprit

D’où s’échappent parfois des cris ensorcelants

Rappelant qu’autrefois le malheur du mépris

Dans ce coin oublieux a brisé mes élans.

 

Puis une nuit d’été les étoiles ont pâli

Tandis que s’endormait la masure vieillie

Pour un sommeil profond d’un éternel oubli

Alors qu’au loin sonné un vibrant hallali

DELIRES

​

Mon cœur est un soleil qui fait pleuvoir la vie,

La tempête, la haine, l’amour, la nostalgie.

Mon cœur est un abîme froid, profond, amer,

Une rivière ardente ou nage des caillots

Dont le rouge tumulte ressemble à des sanglots.

 

La graine que l’on sème a besoin de chaleur.

Pareil le sentiment qui doit s’épanouir

Dans un terrain propice où puiser sa saveur,

Eclater, s’étaler, éclairer et puis s’évanouir.

 

Semblable à un diamant aux multiples facettes

Qui renvoie les rayons chargés de ses couleurs,

On ne rend à chacun qu’un peu de ce qu’il perd

Et parfois, quand on veut réchauffer sa fraîcheur,

Le temps, la raison, l’interdit nous arrêtent.

 

Chaque empreinte est unique et demeure figée,

Chaque instant a ses joies, ses larmes ou ses sourires.

Nous vivons au présent, pensant à l’avenir, oubliant le passé

Qui tristement pourtant nous pousse à ce délire.

COMPLICE

​

Suscitant le combat menant aux funérailles

Ton supplice fut long meurtrissant tes entrailles,

Quand seul, tonitruant face à tes camarades,

Tu lançais des défis en brèves algarades.

 

Est-ce par ironie promouvant ta sortie

Que lassé de tes pleurs tu as clos la partie

Le jour ou tes amis, vertueux socialistes,

Ont tenté de sauver leurs choix idéalistes.

 

Etrange désarroi d’un corps frappé d’effroi

La peur de ce trépas t’a redonné la foi.

Hâve, tu reposes, loin du terroir natal,

En fidèle soldat face à l’assaut fatal,

 

Poussière d’étoile ballotée par les vents

Tu hisses la misaine et vogue calmement

Sur les flots agités menant au firmament,

Abandonnant le port et ses sables mouvants.

 

En larmes j’ai cueilli dans mon jardin secret

La rose sauvage au parfum éternel

Exhalant son odeur et son charme discret

Vers mon âme assombrie du trouble fraternel.

 

Sous le zéphyr brûlant tel un éclair bruyant

S’envole éthéré un ami flamboyant

Mêlant au bleu du ciel la cendre envolée

De l’urne conservée en triste mausolée.

 

Adieu Félix, je t’aimais bien tu sais ! …

 

 

01/10/09

CREPUSCULE

​

Le soleil qui s’éteint dans un grand rougeoiement

Va peupler l’univers de milliers d’étincelles.

Les effraies affamées vont déployer leurs ailes

Et la nuit s’agiter d’un froid susurrement.

 

La vallée se blottit derrière les clôtures,

Etend sur les buissons sa noire couverture,

 

Puis s’endort, lentement, bercée par les grands vents

Qui des monts et des bois descendent vers la plaine

Chargés de mille bruits, répandant leur haleine

En liant l’irréel au monde des vivants.

 

Au loin les chiens aboient agitant leurs grelots

Humant dans l’air du soir l’odeur du cheminot.

 

Le hameau endormi placide dans le noir

Abrite dans ses murs les rêves pastoraux

D’amours fous et naissants de jeunes pastoureaux

Benoîts et souriants, accrochés au terroir

 

Car dés potron-minet il faudra s’étirer

Et réprimer les cris du troupeau apeuré.

CAMILLE

​

Quand les souffrances d’hier aujourd’hui effacées

Se transforment en joies sous les traits d’un enfant

Le rêve se déploie dans nos bras enlacés

Donnant vie au futur d’un bonheur triomphant.

 

Instant d’éternité que ce lien du sang

Quand les cris du bébé découvrant son décor

Marquent à tout jamais le corps convalescent

Prouvant par leur ardeur un prochain désaccord.

 

Allongée sur le dos dans son grand lit douillet

Un rayon de soleil jouant sur son coussin

Elle ouvre ses beaux yeux par les larmes mouillés

Implorant sa maman de lui tendre son sein.

 

​

30/11/2015

SOUVENIRS

 

Le village endormi dans sa douce quiétude

Regarde le Lagast et ses plus hauts plateaux

Où les gens rudes et pieux vivent dans l’habitude

Et où les pâtres heureux animent leurs flûteaux.

 

La vue au loin s’étire sur les vallées profondes

Peuplées de mille bruits et de riches secrets

Que seules ont pu percer nos âmes vagabondes

Dirigées en ces lieux par des signes discrets.

 

Sur la grand place vide un couple vit heureux

Au rythme des saisons dans l’univers pierreux

Qui fut toujours je crois celui de leur jeunesse

Et où jadis s’aimant se promirent tendresse.

 

A l’ombre du clocher ils ont vécu leur âge

Dans le bien dur labeur des champs et des herbages.

Cinquante ans sont passés et les misères aussi.

Il ont tout entrepris et puis tout réussi.

 

Le visage émacié, le père Séverin

A tiré de l’étable des tonnes de purin,

A remué cent fois ses dix arpents fertiles,

A chauffé éreinté mille locomobiles,

 

A marqué de ses pas, servile préposé,

Les longs sentiers boueux qui mènent au village,

Buvant ici où là un bon coup de rosé

Pour repartir heureux plein d’allant et courage,

 

De Laubigue à Saint Cirq, de Fabrègues à Rullac

Porter le lourd courrier aux hameaux esseulés

Et revenir le soir, les cieux tout constellés,

Les jambes fatiguées mais vide l’havresac.

 

Et pendant ce temps là, Berthe au grand cœur

En attendant le soir préparait ses conserves,

S’agitant et courant, discourant avec verve

De sa vie difficile sans haine ni rancœur.

 

Le soleil rougeoie au dessus des grands arbres,

Le crépuscule gris recouvre Combenègre

Epaississant les ombres d’un froid frisson de marbre,

Le silence s’installe sous la bise trop aigre

 

La vie lasse s’enfuit vers d’autres souvenirs.

CENOBITES

​

Au cœur de la vallée où coule le Verdus

Se blottit Saint Guilhem à l’ombre du château

Abritant l’abbaye d’où monte l’orémus

S’élevant vers les cieux en vibrant allegretto.


 

Territoire sacré fier de ses légendes

Où le temps s’est figé dans une éternité

Quand moines extasiés vivaient de leurs prébende

Fervents et dévoués faisant la charité.


 

Les sabots des chevaux ont tracé les chemins

Vers ce havre de paix, vrai fief de Wittiza

Dont la vie est contée au fil des parchemins

Pieusement conservés dans des alcarazas.


 

Le pèlerin brisé dans ce désert pierreux

Découvre ébahi la combe féconde

Et le cloitre béni aux ascètes heureux,

Charitables convers que le soleil inonde.


 

Gardiens énamourés des reliques sacrées

Ils veillent bienheureux sur le trésor caché

Dans le coffret serti de parures nacrées

Où l’objet vénéré dans la moire est fiché.


 

Sur ce fragment de bois INRI y fut tracé

Rendant à cette croix son mystère passé

Mêlant au souvenir l’Ermite et l’épée

Quand retentit la nuit l’étrange épopée


 

Du preux bénédictin père de Gellone.

Par les Maures vaincu il dompta Barcelone,

Se consacra à Dieu pour un dernier combat

Au lit voluptueux choisissant le grabat,

 

De cirques en vallons plane l’esprit des lieux

D’un passé religieux au présent oublieux

Recouvrant silencieux les taillis et les bois

Où se cache toujours les âmes aux abois.

CONCUPISCENCE

​

Brève apparition d’un halo conquérant

Une étrange beauté au déhanché matois,

Met le feu au désir et me laisse pantois

Surpris par cet éclat aux contours dévorants,

 

Belle étrangeté d’un élégant élan

Donnant à cet instant la fluidité du temps

Quand souffle la douceur d’un vaporeux printemps

Le regard attardé sur son corps affolant.

 

Sous des lèvres charnues au dessin attirant

Le sourire éclatant égaye son minois

Le mascara fondant sur des yeux noirs sournois

Dessine dans le soir son regard envoûtant.

 

Douce réalité ou rêve dévorant

D’une nuit agitée au doux réveil narquois

Quand Cupidon bondit secouant son carquois

Et qu’un parfum subtil flotte attirant

 

Dans mes vieux draps froissés

Par le temps effacé.…

DECLARATION

​

Je suis parti sans haine vers d’autres destinées

Saisit par la froideur de ton indifférence,

Cette désespérance aux projets d’hyménées,

​

Occasion singulière de tirer révérence

Pour retrouver léger ma pleine liberté,

Te redonne je sais ardeur et volonté.

​

Faire le choix subtil d’un tout nouvel essor,

Savoir tourner la page et changer ce décor

Que l’inconscient éveille à la réalité.

​

Je conçois que l’amour n’est que subtilité,

Ferment léger et doux d’une passion heureuse

Et d’une main tendue puissante et généreuse.

LE PAIDOL

 

Sur le plateau tranquille coule un petit ru

Abritant sous ses pierres de belles écrevisses,

Spécimens autochtones qu’on a crus disparus

Ventre bleu, pattes grêles et imposantes pinces,

Dans un Counhil limpide que l’arbre mort obstrue,

Reculant agitées sous la boue protectrice

Pour atteindre la proie prestement apparue

Apparaissant ainsi solide prédatrice.

 

L’eau vive cristalline s’enfuit vers la vallée

Creusant doucement des gorges isolées

Entourées de parois abruptes et désertées,

Couvertes de bruyères et de ronces indomptées.

Le clapotis gémit prononçant son murmure

Chargé de mille bruits, de rêves et d’aventures

Tandis que l’onde claire traversant les pâtures

Poursuit son long chemin jusqu’à son embouchure.

 

J’ai parcouru cent fois le sentier enlacé

Ressentant frissonnant une lourde présence

Soulevant scrupuleux la balance grouillante,

Rejetant dans le seau le divin crustacé

Plongé dans l’eau glacée, attentif au silence,

Poursuivant cette pêche jusqu’à la nuit tombante

Quand les arbres élancés redeviennent des êtres

Noyés dans le brouillard de ces sites champêtres.

 

L’aven insondable enfle le tumulte des flots

Qui plongent, vaporeux, dans le cirque sauvage

Et tombent en cascades semblables à des sanglots

Des rochers de Grascazes au sable du rivage.

 

Et l’on raconte ainsi que par violente pluie

Des cloches de La Selve déposées en ces lieux

Par les croyants contrits redoutant les ennuis,

Résonne en ce gour le bourdon très précieux

 

Des clapotis laiteux de l’abîme profond

S’élèvent harmonieux de l’inquiétant siphon

Quand surgissent la nuit lutins et farfadets

Ranimés dans le soir par de vifs feux follets.

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TRISTE SAISON

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La campagne s’endort dans son manteau froissé

Alors que les sapins parés de purs diamants

Immobiles géants dans cet enfer glacé

Grelottent dans le soir oubliant les amants

Qui dés la nuit tombée additionnaient leurs rêves.

 

La lune s’est nimbée dans un halo laiteux

Eclairant faiblement le décor hivernal

Engourdi par le froid dans le désert neigeux

Rappelant tristement le silence glacial

Quand de ce blanc linceul une clameur s’élève.

 

Des hommes esseulés ont perdu leur chemin

Et sombrent lentement vers un nouveau destin

Dans un monde cruel aux gestes inhumains

Souhaitant pour demain un avenir certain

Quand les espoirs déçus se chargeront du glaive.

Dilemme

 

Du brouhaha d’antan les cris se sont éteints

Enveloppant le soir d’un voile silencieux

Laissant le noir sentier aux contours audacieux

S’enfoncer dans la nuit où veillent les lutins.

 

Jadis terre d’espoir le fief du Rullagol

Doucement se détruit n’offrant plus aux gamins

Attachés au terroir le choix de leur destin

Malgré leur pur désir de vivre de leur sol.

 

Etranger je le fus, me mêlant insouciant

A ce bouillonnement agitant la contrée

Dont la vitalité semblait inaltérée

Donnant et recevant des conseils conciliants.

 

Le cœur du Ségala à perdu ses attraits

Sous les coups répétés des rudes paysans

Cassant les traditions sous leur travail pesant

Faisant fi des valeurs et de leur intérêt.

 

Le temps s’est écoulé déployant les regrets

Du passé surprenant au présent incertain

Qui me laisse revoir dans la glace sans tain

Le chemin parcouru qu’on efface d’un trait.

 

​

″ Et je m’en vais au vent mauvais qui m’emporte de ça de là pareil à la feuille morte.″ (Verlaine)

NOSTALGIE

​

La nostalgie du soir qui envahit mon âme

Dés les premiers frimas d’une veillée d’automne

Fait frissonner mon corps sous le vent qui bougonne

Tandis que le soleil à l’horizon s’enflamme.

 

Mon sang pur et glacé bouillonnant dans mes veines

Transporte dans ses flots les déprimantes peines

Aux obscures impressions intimement mêlées

D’une mélancolie emplie d’ombres endeuillées.

 

Des souvenirs récents aux images vivaces

Reviennent harceler mes craintes épuisées

En cette période où le bonheur fugace

S’enfuit tout affolé par ces visions brisées.

 

C’était au crépuscule d’une journée blafarde,

Arrivant de voyage dans un train qui s’attarde

J’étais loin de douter que rodait la camarde

Dans le hall de la gare a la lueur criarde.

 

Dans un grand lit aux draps d’une froide pâleur

Un corps immobile dans sa triste raideur,

Espérant je ne sais quelle douce chaleur

Pour retrouver la vie et toute son ardeur,

 

M’attendait livide

Dans sa pose rigide

Au dur rictus figé.

Me laissant affligé

Devant la mort affreuse,

Impatiente et hideuse,

Qui flottait en alerte

Dans la pièce déserte.

 

Ma Mère était là doucement endormie par un soir de novembre ! ...

TREIZE VENTS

 

Le chemin défoncé par l’orage du soir

S’enfonce sinueux vers d’autres horizons

Où se mêlent déjà nos tristes désespoirs

Repliés dans leurs rêves et leur douce prison.

 

Les ceps noueux et noirs tendent leurs bras fourchus

Immobiles témoins d’un passé révolu

Inexorablement de leurs élans déchus

Quand le soleil rougeoie au dessus du talus.

 

Les sentiers détournés ne résonneront plus

De ces rires d’enfants partageant les repas

Autour d’un feu de bois aux cendres disparues

Donnant aux souvenirs la vision du trépas.

 

Mon esprit insoumis a négligé le temps

Où la moite torpeur nous berçait d’illusions

Dans le berceau frondeur aux augures latents

Prometteurs inouïs d’inutiles pulsions.

OREMUS

 

Dans le tourment du soir les rêves prennent vie

Alors que l’inconscient absorbe le réel

Dans la douce folie de mon espoir ravi

Effaçant tristement cet effroi éternel.

 

Le temps a façonné les chemins de l’ennui

Tracés par le hasard et les amours déçus

Menant je ne sais où quand s’éclaire la nuit

De ces mille lueurs au loin entraperçues.

 

Puis quand l’esprit s’enfuit balloté par les vents

Dessinant dans le noir de vivants feux follets

Les sentiments amers des orémus fervents

Flottent insensibles aux chants des Récollets

 

Qui s’élèvent ardents exaltés par la foi

Du haut de ce beffroi vestige d’autrefois

Rappelant son passé quand priaient les convers

Comme une presqu’île dans son océan vert.

MAGIE

​

La neige doucement a recouvert les toits

Les vallons et les bois endormis dans le froid

Marquant nos pas légers sur le chemin de croix

D’où s’envolent au vent nos tristes désarrois.

 

L’immaculé linceul étire sa fraîcheur

Transformant en tapis la campagne gelée

Silencieuse et glacée dans sa pure blancheur

Attendant dans le soir les souvenirs mêlés.

 

Dans le coin du salon les tisons rougissants

Font danser les lueurs vacillant dans la nuit

Caressant doucement les bois incandescents

Qui dans l’âtre noirci animent mon ennui.

 

Mes rêves insoumis bercés par le destin

S’éloignent irréels de nos amours éteints.

MON PERE

 

Sur la plaque chauffée fumait le fort piment

Diffusant un brouillard aux parfums pernicieux

Quand maître de céans absorbé silencieux

Préparait son repas aux curieux aliments

 

Mêlant au pain grillé copieusement aillé

Recouvert onctueux d’huile picholine

Une queue de morue dépendue du pailler

Frétillant sous le feu dans sa sueur saline.

 

Son festin terminé et dés potron-minet

La pipe allumée et le sac sur le dos

Il partait tranquillet coiffé de son béret

Vers les chantiers lointains sans un jour de repos

 

Avançant à pas lents et ses grands yeux baissés

Traînant son corps meurtri aux douleurs indomptées

Vers ces ouvrages d’art sur la route dressés

Sous la pluie et le vent qu’il fallait affronter.

 

Aux souvenirs enfuis des années disparues

Les rires d’autrefois en rêves ranimés

soulignent fantastiques les saisons parcourues

Les images voilées des visages aimés.

 

Un sourire figé flottant dans l’irréel

Mêle à ce présent l’halo surnaturel

Tel un songe brisé l’émouvant paternel

Fait surgir de la nuit son salut éternel.

​

17/02/13

ENTRE LES PONTS

 

Un havre de douceur…entre les ponts palpite…

​

Des voussoirs de pierre accrochés aux rochers

Surplombent le ravin aux falaises brûlées

Entrouvrant la vision sur le lointain clocher

Dont le dôme rouillé domine les vallées.

 

Le soleil qui rougeoie éclaire l’horizon

Laissant les monts voisins s’enfoncer dans la nuit

Dans un rêve profond de douce exhalaison

De ce nectar divin qui sortira du fruit.

 

Une oasis de feu entre mer et maquis

Bercée des rêves fous de l’aride piémont

Où Bacchus enflammé huma les vins exquis

Léguant à ce terroir les vieux ceps d’aramon.

 

Dans les chais impatients aux sanglots généreux

Quand la boisson ambrée rayonne de couleurs

Le bonheur se répand puissant et savoureux

Dans les palais flattés par le parfum des fleurs.

 

Entre les ponts frémit le chant des vents brûlants

Caressant amoureux cette terre ravie

Qui nourrit le raisin dont les grains opulents

Donneront dés demain un élixir de vie.

 

 

Jover Jean Marcel

-14/04/2017-

HIBERNATION

​

La triste nuit d’hiver réveille mes tourments

Qui se mêlent troublés à mes rêves d’antan

Ballotés ça et là dans le doux firmament

Où danse endiablé un ange hésitant.

 

J’ai traversé la vie chargée de rêves noirs

Chevauchant les effrois aux multiples frayeurs

Dans un galop bruyant menant à l’avaloir

Où les corps calcinés recherchent leur ailleurs.

 

Mais le printemps divin dans sa douce chaleur

A réchauffé mon cœur de sa fièvre sucrée

M’entraînant bienheureux vers un monde meilleur

Dans l’explosion d’adieux à l’étrange pâleur.

 

Puis dans la sombre nuit quand le soleil rougeoie

La campagne enflammée tressaute de plaisir

Et je ferme les yeux en libérant la joie

Qui dans ce corps jaillit l’inondant de désir.

ERUPTION ET ESPOIR

 

Le volcan s’est éteint sous les cendres noircies

Des souvenirs amers aujourd’hui effacés

Lentement absorbés par la lave durcie

De ce temps fugitif aux sentiments glacés.

 

Le cratère profond plonge dans le néant

Où volètent parfois des lueurs orangées

Eclairant sobrement le large trou béant

Abri de nos amours aux rêveries figées.

 

La bruyante explosion délivre dans le ciel

Des arabesques d’or aux signes sibyllins

Qui s’envolent légers au vent immatériel

Dessinant sur les flots des remous cristallins

 

Puis dans le silence d’une nuit apaisée

Peuplée d’espoirs déçus et de folles envies

Les cris des souffreteux ployant terrorisés

Sous le poids du fardeau dans leur étrange vie.

PRIERES

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Assis sur son rocher l’anachorète prie

Les yeux fixant le ciel peuplé d’astres lointains

Laissant vagabonder son invisible esprit

Cherchant dans l’infini un espoir incertain.

 

Les nuages laiteux chevauchent l’univers

Au gré du vent marin qui chante mélodieux

Emportant prestement les psaumes des convers

Qui dans la nuit glacée s’élèvent vers leur Dieu.

 

Les étoiles s’enfuient zébrant les nues d’été

De traînées enflammées embrasant l’horizon

Sidéral et profond d’un monde hébété

En proie à ces tourments quand se perd la raison.

 

Le dilemme remplit ses pensées éthérées

Virevoltant léger dans la brise du soir

Attendant patiemment le réveil espéré

De l’âme endormie avide de savoir.

DETRESSE

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Dans le ciel constellé où dansent des novas

Mon esprit se dilue absorbé par la nuit

Laissant mes rêves fous approcher Jéhovah

Sauvant l’humanité de ses sombres ennuis.

 

Jadis vivant ma vie j’ai franchi ce chemin

Empli de songes creux et de sanglots amers

Coulant le long des joues aux vifs reflets carmin

Epuisant chaque jour mes espoirs incertains

 

Les ans se sont enfuis emportés par le temps

Qui creuse lentement les sillons sur mon front

Assombrissant fielleux de fragiles instants

Aux âcres souvenirs de multiples affronts.

 

Les chagrins et les joies à jamais engloutis

Dans le froid permafrost où mes tourments secrets

Flottent évanescents dans mon cœur engourdi

Emportant silencieux mes éternels regrets.

​

​

10/06/20

ARRIERE SAISON

​

Les couleurs d’automne recouvrent la forêt

Mêlant au blanc bouleau les taillis effeuillés,

Le chêne élancé entouré de genêt

Le châtaignier noueux, le hêtre dépouillé.

 

Le vent d’autan gémit emportant les odeurs

D’une saison qui meurt dans un râle voilé

Prélude à ces frimas d’un hiver plein d’ardeur

Qui demain sera là avide et désolé.

 

Les feuilles colorées palpitent dans le soir

Dénudant les ramées, hirsutes, échevelées

Implorant le soleil pour un signe d’espoir

Tendant leurs bras fourchus aux tiges emmêlées.

 

Le silence ouaté s’étendra lentement

Pour ces longs mois glacials d’une molle torpeur

Attendant patiemment le retour du printemps

Cet éveil à la vie mettant fin à nos peurs.

LES MUTINS

 

Mon drapeau est en berne au fronton de ma peine

Quand le ciel est en deuil d’astres auréolé

Sanglotant malheureux des perles de rosée

Irriguant de bienfaits la terre nourricière.

 

Le vent violent s’éveille répandant son haleine

Sur les près engourdis cernés de barbelé,

Sur les bois et les monts à la pierre posée

Dont le fier monolithe trône dans la bruyère.

 

Quand le brouillard épais défiant ma déveine

Recouvre attristé le noir vallon voilé

Je retrouve amer mon âme névrosée

Découvrant dans la nuit la sente familière.

 

Les chouettes hulottes hululent avec haine

Leurs yeux ronds grands ouverts sur le clos désolé

Cherchant pour s’envoler le rongeur épuisé

Dans un bruissement d’ailes secouant la clairière.

 

La tranchée sinueuse puant l’âpre gangrène

A digéré les corps à jamais emmêlés

Rougissant cette fange d’une tache étoilée

Trace indélébile d’une ultime prière.

 

Et la rangée de croix hâtivement taillée

Révèle au passant l’aventure funèbre

De ces jeunes soldats et de leur capitaine

Qui dans ce coin de France un jour s’en sont allés …

 

Tremblants, hagards dans leurs vêtements amples

Les yeux las bandés, fusillés pour l’exemple

L’ORIGINE DU MONDE

 

Impudique tableau trop longtemps méprisé

Les pinceaux de Courbet de son art maîtrisés

Ont croqué finement les galbes exposés

De l’objet de désir par les sens attisé.

 

Dans sa folle noirceur plaisir périnéal

Frémissant de bonheur dans un râle animal

Ma muse est enivrée par le parfum qu’exhale

Transpirant de douceur cette toison fatale.

Mystère de la vie dévoilant son berceau

Suintant affolée en violents soubresauts

Quand les corps arc boutés subissent les assauts

D’un désir déchaîné dans d’avides sursauts.

 

Et dans le rêve fou du plaisir partagé

Un sensuel élan promptement propagé

Se répand puis embrase la pudeur outragée

Pour assouvir enfin la flamme soulagée.

CARCINOME

 

Quand l’aube nouvelle perce la pâle nuit

Je cède au néant mes rêves vaporeux

Et perçois, angoissé, ces morbides ennuis

Qui barrent l’horizon d’un destin suspicieux.

 

Dans cet amas de chair le mal s’est immiscé

Inexorablement, insidieux, silencieux

Il répand le poison aux glandes agressées,

Traumatisant le corps, violent et pernicieux.

 

Au-delà des tensions, des angoisses subies

Quand la féminité fébrilement frappée

Se révolte accablée, les armes sont fourbies

Pour sortir de l’enfer du péril réchappée.

 

L’inquiétude chassée l’espoir est revenu

Et sous un ciel radieux la vie reprend son cours

S’engageant à nouveau sur ces voies inconnues

Décomptant chaque instant d’un destin à rebours.

 

 

 

 

« La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute. »

Confucius

 

JMJ 06/09/14

LES MIGRANTS

 

Dis-moi “calabaza” et je te chanterai

Ces doux vers d’Azorin enfouis à jamais

Au fond de ma mémoire et que je déclamais

Garnement enflammé d’un modeste immigré.

 

Sublime Monovar aux rues pavées d’histoire

Patrie du poète et terre du passé

Où le temps incertain a soudain effacé

Les ultimes regrets d’un exil probatoire.

 

Les larmes ont coulé de leurs yeux fatigués

Creusant sur les faciès les sillons de la peur

Le jour de ce départ à l’odieuse douleur

Vers des lieux inconnus au diable relégués.

​

Ils ont quitté leur bien serrant fort leur ballot

Pour vivre miséreux mille précarités

Armés de volonté et d’un peu de culot,

Traînant comme un boulet leur triste pauvreté,

 

Quand la misère amère

Dégénère en colère

La révolte qui gronde

Bouleverse le monde…

LE SENTIER

​

Il parcourt la vallée, remonte le ruisseau,

Repart en serpentant vers l’aride plateau

Où se dresse immobile la tour du vieux château,

Contourne le village franchissant le ponceau

Aux pierres érodées couvertes d’arbrisseaux,

Dévoilant sur ses flancs de magnifiques arceaux.

 

Dans la mare verdâtre se courbent les roseaux

S’ébattent les cols-verts et nichent les oiseaux.

 

Un village engourdi montre son vieux clocher

Et son église vide accrochée au rocher.

Dans les prés escarpés au milieu d’un rucher

Quelques bottes de foin finissent de sécher

Pour rejoindre l’étable où vaque le vacher

Et remplir la mangeoire du haut de son plancher.

 

Dans le ru ondoyant des truites de lâcher

Donnent à l’allochtone le désir de pêcher.

 

Paysages sauvages parfums embaumés,

Noires forêts éparses aux arbres déplumés,

Gris tumulus pierreux dans les champs parsemés,

Morne glèbes étendues aux longs sillons semés,

Haies épineuses et vives aux rameaux clairsemés

Se donnent en spectacle et nous laissent charmés.

 

Et pour me ressourcer dans ces décors aimés

Je rêve de ces lieux trop souvent embrumés.

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Jean-Marcel Jover
1943 - 2023

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